dimanche 24 juillet 2016

Mwana DANZE (biflataflata !)

 Je ne lui ai jamais offert de bijou (mais du foie de veau, des bouchées à la reine et des rognons de porc de la boucherie de Jan et de Krista, rue Malibran ou des palmiers caramélisés bien-bien (que je m’obstine à appeler des trente-trois tours alors même que les tourne-disques ont disparu depuis longtemps) ou un mille-feuilles ou un merveilleux...
- Pfff ! Un seul, pas les deux ! Il ne faut quand même pas exagérer !
- Sia ! Qu'est-ce que tu insinues, que je suis devenue obèse ?
 de la boulangerie Renard, place Fernand Cocq.

Mwana Danzé, mon douce emmerdeuse...
Mwana Danzé, unique au monde et seule de son espèce…

Mais quand elle me virera, ce sera radical !
Elle changera les serrures, modifiera les codes secrets, effacera les historiques, passera au pilon les clés USB, videra les bacs à papier, brûlera les photos et les archives... et même les serviettes ou les lingettes dont je me serai servi  pour ne laisser aucune trace de mon passage !

Likambo te. J'aurai pris une sacrée avance. Je n'assisterai pas à ça. Je me serai arrangé...
- Pfff ! Nazui yo, chérie na nga !
- Siata ! Je peux encore te rattraper ! Je n'ai pas droit à un accident d'avion, peut-être ? Je peux aussi attraper un cancer du sein, non ? Ou calancher dans un attentat, eh !
pour mourir avant.



















Le RAGONDIN rigole (kiekiekiekiekekee !)

Une fois sorti de l’eau (d'un dilemne, d'une mauvaise passe ou d'une situation difficile) et tiré d'affaire, le ragondin rigole et fait le coq...
-  Kiekiekiekekee ! 
mais il oublie de se coiffer, surtout la barbe, l'entrejambe et les aisselles, les poils du nez, des oreilles et du cul. Il néglige aussi de tirer sur ses bretelles et de boutonner son veston. Son pantalon fait des poches aux genoux.

Le ragondin parvient à se libérer d'un piège barbare ou à s'évader d'un élevage crapuleux et rigole d'un air un peu niais...
Kiekiekiekekee ! 
mais il est déterminé à ne plus se laisser prendre et se dote de moeurs nocturnes ou crépusculaires pour échapper à quelques autres prédateurs toujours prêts à l'égorger : la fouine, le renard ou le busard des roseaux.
Cela ne le met cependant pas à l'abri de la chouette effraie.

Quand il est sourd, le ragondin rigole et se la pète grave...
Kiekiekiekekee ! 
mais il s'est quand même fait opérer de l’œil de verre ou de la jambe de bois ou piercer le nez, le nombril, les tétons et les oreilles pour avoir répondu à tort...
- Pfff ! On aurait pu tout aussi bien m'escouiller, me limer les incisives ou les repeindre en noir-jaune-rouge, me vider de mes entrailles, m'ouvrir la boîte crânienne et me laver le cerveau, m'injecter des puces et installer des applications, me convertir à la religion du marché, profiter aussi de l’occasion pour m'administrer quelques fast-sacrements, non ?
- Sia !
à l’appel d’un nom qui n’était pas le sien dans la salle d'attente d’une One Day Clinic.

Quand il souffre d’insuffisance rénale, pourquoi le ragondin rigole-t-il tout en se retenant de manger les capucines qui fleurissent sur les trottoirs de la rue Maes : parce qu’elles sont trop salées ou...
- Pfff ! Parce qu’elles ont été arrosées par l’urine de tous les kondoko (alias niaouw), bampoko et bambwa du quartier ! Kiekiekiekekee ! 
- Siata ! Parce qu'il n'y a pas de capucines sur les trottoirs de la rue Maes, tiens ! 
parce qu’elles sont psychotropes, vénéneuses, trop riches en phosphore ou en potassium, trop alcoolisées ?

Kiekiekiekekee ? 
Le ragondin rigole...
- Na ndenge na ngai parce que Ahah, c’est déjà pris ailleurs :Aa est une résidence d'auteur de la chaussée de Boendael et un affluent non seulement de la Meuse mais aussi du Musée d'Ixelles en Belgique tandis que Ha ! Ha ! est un Saint-Louis, une rivière ou un lac au Québec...
- Siatapata !
comme une crécelle enragée, une râpe à fromage fanatisée ou une poulie de puits qu'on assassine dans une ruelle obscure, 





















vendredi 8 juillet 2016

J'aime les grandes villes situées à l'intérieur des terres, LOIN DES POISSONS

Le singe et le poisson
(Illustration de Lieve Bellefroid)



J'aime les grandes villes, loin des forêts dans lesquelles on dépose les personnes âgées en fin de vie.
Loin des singes.

Quand je meurs en ville, sur un trottoir très fréquenté à l'époque des fêtes ou en période des soldes, les gens hésitent, détournent les yeux, grimacent à peine, font mine de ne pas me voir, s'écartent rapidement : un pénis se retrouve en face d’un tampon hygiénique et s’enfuit à toutes jambes, un mouton de poussières cavale pour ne pas se faire choper par un aspirateur?
Bref, en général, les gens me foutent la paix.
Ils se demandent simplement si je suis un ivrogne, un drogué, un escroc, un dément, un malade de la peste.
Ou peut-être un terroriste, une boîte de concentré de tomates ou d’épinards hachés qui pourrait leur péter dans la gueule

Quand mes yeux  roulent dans leurs orbites et que je grogne comme une bête fauve, les gens sont perplexes...
S’agit-il de Hulk, d’un cheval qui se transforme en âne ou d’un homme fraîchement descendu de son arbre ? Buffon ou Darwin ? Dégénérescence ou évolution des espèces ? Faut-il appeler les flics, la fourrière ou le musée des sciences naturelles

J'aime les grandes villes et je déteste les familiarités du singe, ses grossièretés, ses escroqueries et ses incivilités, son doigt dans le cul et ses grattages de nombril, ses mensonges et ses fausses promesses, ses sarcasmes et ses insultes, ses diatribes incendiaires et vulgaires, ses intrusions dans ma vie privée.
Et manger la cervelle du singe, servie dans son crâne décalotté, presque crue, encore frémissante, ça me débecte aussi.

J'aime les grandes villes installées à l’intérieur des terres, loin de l’océan, des grands lacs, du fleuve Congo et de la rivière N'djili dans laquelle on jette les corps des suppliciés.
Loin des poissons.

Je déteste le poisson. Ça sent l'égout, la vase et le vomi, les chiottes, le vieux mégot, le cadavre de noyé (avec des crabes-piercings accrochés au bout des doigts, aux oreilles, au sexe et aux orteils).
Je déteste serrer le main molle d'un poisson, le regarder dans les yeux, l'embrasser sur la bouche. Je déteste la bave de l’escargot, la salive du caméléon et le baiser visqueux du poisson (avec des bulles inodores et de petits pets silencieux)

- Mange ce que je t'ai préparé, mon vieux chariot !
- Je ne t'ai jamais demandé de me préparer à manger, petite chérie ! Et surtout pas du poisson !
- Sia ! Mange ton poisson, ça rend immortel !
- Pfff ! Trop tard, petite chérie ! Je n'ai plus le temps !
- Mange, je te dis ! Ça rend intelligent ! Et, demain, ce sera de la cervelle de singe, tu en as le plus grand besoin !
- Pfff ! Trop tard aussi, petite chérie ! Je préfère mourir idiot !
- Siatapata ! Mange et ne fais pas de manières ! Ça va refroidir !
- Pfff ! Je n'aime pas manger froid mais j'aime bien attendre que mon assiette refroidisse ! Ça permet de réfléchir à ce que l’on mange, non ?

Le poisson n'a guère de sentiments. Le poisson n'a pas beaucoup de conversation. Le poisson est d'un commerce ennuyeux.  Je déteste le poisson. C'est ma femme mariée que je mange et qui me fait vivre. C'est ma femme mariée...
- Siata ! Qu'est-ce que tu t'imagines, mon vieux chariot, je ne suis pas du genre à me laisser manger ! Et ce n'est pas avec ton kimbalangbalang de dentier délabré que tu y parviendras !
qui me fait marrer et que je fais rire. C'est ma femme mariée que j'aime.

Le soir, à la télé, sur la 5...
- Pfff ! Tout à la fois ? A même pas une heure d'intervalle ?
j'apprends que je descends de l'arbre et que je sors de l'eau. Mi-singe, mi-poisson.
Ma femme mariée confirme.