jeudi 25 août 2016

Le SMARTPHONE, l'ordinateur, la téloche, les casques de réalité virtuelle, la surveillance électronique et Google Street View ont compliqué notre vie amoureuse et rendu nos rencontres moins discrètes, moins stimulantes, moins frémissantes, moins érotiques

Ce que j'aimais dans le cinéma, c'était de me retrouver dans une pièce sombre... avec des inconnus !

Ou avec Ana, ma belle inconnue, au Paladium, au ciné MPR ou...
- Pfff ! Dans des églises hermétiques, silencieuses (sans autre bruit que celui de nos respirations et de nos gloussements) et enténébrées, sans lune dévisageante ni réverbères inquisiteurs ! Et sans doute pas dans les cinés en plein air de Yolo Nord, de Ngiri-Ngiri, d'Ozone ou de Delvaux, avec des ngembos mateurs et gouailleurs perchés sur tous les murs d'enceinte !
même au jubé de la grande salle du collège Boboto transforméen en ciné... et de pouvoir lui toucher la main sans qu'elle tombe aussitôt enceinte et sans que je me retrouve traqué et coursé par des "familles" émeutières et vociférantes, envoyé passer la nuit au cachot du sous-commissariat de police du quartier, conduit de force devant le commissaire de zone et le notaire de la ville de Kinshasa.

Et de deviner les formes de son corps et de découvrir son haleine et ses moiteurs et...
- Sia ! Je n'en portais même pas !
de dégrafer son soutien-gorge avec douceur, en cachette, comme on perce un secret, comme on ouvre un cadeau, comme on lâche un oiseau !
























vendredi 19 août 2016

NGANGA na ngai

Mon nganga n'est pas un charlatan, un spécialiste du retour immédiat de l'être aimé parti avec un(e) autre
Mon nganga est un type très sérieux.
Mon nganga m'a conseillé...
- C'est une question de survie ! m'a-t-il dit 
- Pfff ! Naboyi te, kasi…
de continuer à écrire pour stimuler mes neurones, retrouver ma tête... ou ne pas perdre ce qu'il en reste

Où donc, en effet, et comment retrouver l’inspiration ?
Boire toute une bouteille…
-  Pfff ! En veillant à ne pas se faire repérer et arrêter par les flics... pour avoir remis le cadavre dans les rayons et tenté de quitter les lieux sans payer ?
d’un produit déboucheur de canalisation dans une grande surface ?
Avaler le saint sperme d’un homme de Dieu pour être touché par la grâce ?
Mon nganga me dit de mettre d'abord une casserolle d'eau sur le feu, d'y plonger un vieil os dérobé à un mbwa déférent et d'ajouter peu à peu des épices, des végétations et les ingrédients les plus divers jusqu'à ce que la sauce prenne forme, acquière de la consistance et même du goût.

Je me réunis donc en "camp d'écriture" avec moi-même (mon musicien, mon coloriste, mon parfumeur, mon styliste, mon parolier, mon souffleur de répliques, mon maître de ballet et mon metteur en scène, mon seau, ma pelle et mon rateau, ma toile d'araignée et mon filet de pêche, mon critique littéraire et mon coupeur de cheveux en quatre, mon presse-citron et mon casse-noisettes, mon couteau de chasse et mon zibulateur, mon emmerdeuse et ma documentaliste, mon sécateur et ma machine à coudre, mon pot de colle et ma boîte à chaussures remplie de bouts de papier griffonnés et raturés), tapote sur mon clavier, tapote, tapote, tapote, cherche d’abord un rythme, puis des mots à accrocher ici et là parce qu’ils ont de bons sons, de belles formes, de bonnes odeurs ou de belles couleurs, puis des brides de phrases.
Je coupe, découpe et recolle.
Et j'organise petit à petit tout ce fatras, je donne des valeurs à mes mots, je les fais grimacer ou danser devant le miroir. Je les essaie, je les retire, je les reprends et je les vire, je modifie constamment la composition de mes équipes.
Et je finis toujours par trouver une apparence de sens à mes phrases. Je teste alors le produit et je balance la sauce. Et quelquefois, ça marche, ça mord, ça énerve et...
- Excellent pour repousser le vieillissement cérébral ! dit mon nganga
je reçois des insultes et des coups. Je m'accroche, je m'obstine et je continue tiiiiiiiiiiiiiiiiiii... la rupture d'anévrisme, clap !