lundi 24 août 2015

LES TRIBULATIONS D'UN TEXTE (ses déménagements et ses transformations) qui raconte pourquoi et comment Vieux Condor et Lédenté, deux francs-tireurs que tout paraissait opposer, en sont venus à faire alliance...

(bande annonce, amorce ou making-of d’une séquence-interlude appelée à relancer le buku « sorciers, services et crapuleux » et à lui donner un nouveau souffle tiii... la victoire finale)

1. En 2014 et au début de l’année 2015

UN TEXTE INTITULE « VIEUX CONDOR ET LEDENTE » FIGURE DANS LA SERIE 2, « LA SOSECRA, UNE ENTREPRISE MALFAISANTE » (1), DU BUKU « SORCIERS SERVICES ET CRAPULEUX ».(2) 
REDIGE EN 2014 CE TEXTE DISPARAIT... LORS DE DIFFERENTS CRASHES INFORMATIQUES SURVENUS A KINSHASA EN JANVIER ET FEVRIER 2015

2. Au début du mois de juin 2015

LA SEQUENCE VIEUX CONDOR ET LEDENTE EST FINALEMENT RETROUVEE .

Tôt le matin, après la fermeture des derniers bistrots de nuit et bien avant le passage des premiers camions de la voirie, Vieux Condor (un corbeau à la tête et au cou déplumé, jadis capable de découvrir un cadavre dissimulé sous un tapis de feuilles, un bonbon collé au fond d'un porte-monnaie ou un fromage planqué dans un cabas... qui avait perdu son odorat, dont la bande avait été dispersée et dont l'arbre-perchoir d'où il pouvait observer et narguer le monde avait été abattu) et celui qu'on appelait Lédenté (un renard, jadis de bonne élocution et d'excellente mastication... qui avait perdu ses dents.de dessus dans un stupide accident de la circulation et qui, depuis lors, portait une prothèse d'occasion mal adaptée à sa mâchoire), deux anciens djeuns, deux anciens maquisards des forêts d'Ardenne ou du Kwilu ou de la savane boisée du canton de Djaba, anciens compagnons de galère, longtemps adversaires ou concurrents, redevenus complices ou complémentaires, se rencontraient quotidiennement dans la châtellenie d’Awel, aux environs de la place Hendrik Conscience.

(...)

3.  Durant les mois de juin et de juillet 2015

LE TEXTE VIEUX CONDOR ET LEDENTE  FAIT L'OBJET D'UNE RESTAURATION EN PROFONDEUR. IL EST MOMENTANEMENT INTERDIT A LA CIRCULATION MAIS ON ANNONCE SA REOUVERTURE PROCHAINE

4. Au début du mois d’août 2015

APRES UN DERNIER CONTRÔLE DE CONFORMITE, LE TEXTE VIEUX CONDOR ET LEDENTE, CONSIDERABLEMENT ENRICHI, EST READMIS A LA CIRCULATION.
IL EST DELOGE DE LA SERIE 2 DONT IL ETAIT ISSU ET INTEGRE UNE NOUVELLE SERIE NEE DE LA RELANCE EN PROFONDEUR DU BUKU


(...)


Ainsi allaient Vieux Condor et celui qu'on appelait Lédenté, le meneur et l'asocial, aujourd'hui alliés. Bien déterminés tous les deux à exercer pleinement leur droit de vivre, de boire et de manger, d'aimer et de penser librement, joignant leurs forces et esquivant habilement tous les coups, disparaissant, réapparaissant, survivant insolemment à toutes les campagnes de diffamation et d’éradication
- Ce sont des kuluna ! Ce sont eux qui soutiennent et inspirent les voyous de la Tshangu à Mboki, les glandeurs insolents qui "tiennent les murs" de la rue Gray et de la rue Malibran dans la châtellenie d'Awel ou les manifestants obstinés du quartier de Bè à Melo ! Ce sont des frustrés et des insatisfaits qui jalousent notre bonne fortune ! Ce sont des comploteurs, des émeutiers, des anarchistes et des partageux ! Panza bango ! Kanga bango ! Beta bango ! Boma bango !
qui visaient à les exterminer, aux traques dont ils faisaient l’objet, aux tortures et mauvais traitements qui leur étaient infligés.

Et lançaient-ils des mangues pourries, du purin d'orties, des billes d'acier et des clous à quatre pointes sur les 4x4 climatisées et militarisées qui parcouraient la ville impunément, à grande vitesse et toutes sirènes hurlantes, pour intimider ou terroriser la population.

Et jetaient-ils des pralines explosives (fourrées à la boule puante) et des cacas Molotov
- Nous sommes trop nombreux ! Le voudraient-ils, ils ne pourraient pas nous arrêter tous ! Ils ne savent même pas où nous trouver... mais nous, nous savons qui ils sont et où ils habitent !
dans les salons et les jardins des palais-forteresses et des résidences-bunkers à l’abri desquelles les sorciers, les agents des "services" et les crapuleux s'imaginaient pouvoir ripailler tranquillement, hors d'atteinte du regard de la population et de sa colère légitime.

Et pissaient-ils et crachaient-ils effrontément à la gueule des sorciers et de tous les larbins qui leur léchaient les couilles ou la chatte: philosophes-conseils et journalistes-tapins,  prédicateurs et publicistes, gens d'armes et banquiers, diaspourris et coopérants-mercenaires,  juges aux ordres et tueurs à gages, bonimenteurs et saltimbanques, musiciens de cour et valets de plume portant des livrées aux armes de leurs maîtres.

Et Vieux Condor et celui qu'on appelait Lédenté se payaient alors une terrible cuite de rire, se poivraient, se poilaient, se boyautaient, se dilataient, s'étouffaient de rire... Kiekiekiekie ! Tosubi na bilamba na koseka ! se pétaient la rate, la gueule ou la tronche et offraient à tout le « petit peuple » de leurs admirateurs une tournée générale de rire. Un rire triomphal, libératoire, magique et dévoreur... Kiekiekiekekekeke! Tokufi na koseka !

Quelqu'un a certainement dit ou écrit, un jour ou l'autre, ici ou là, que le rire était une arme révolutionnaire: une arme que les sorciers, les "services" et les crapuleux ne parviennent pas, ne sont jamais parvenus et ne parviendront jamais à éradiquer, à assassiner et enterrer clandestinement à Maluku ou à jeter aux oubliettes dans les cachots-mouroirs de Makala. Je ne sais plus qui, quand, ni où... mais ils sont sans doute très nombreux et on les retrouve partout dans le monde où des hommes et des femmes résistent à l'arbitraire et luttent pour que les droits et les libertés de tous cessent d'être confiqués quelques-uns ! 

Kiekiekiekekekeeeee ! 

(...)

5. En mars 2016

APRES UNE NOUVELLE RESTRUCTURATION DU BUKU, LE TEXTE VIEUX CONDOR ET LEDENTE,  AU DEPART SIMPLE SEQUENCE, DEVIENT UNE SERIE A PART ENTIERE, UNE SERIE-PIVOT, COMPLETEMENT AUTONOME ;



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(1) A l’époque la série 2 du buku Sorciers, services et crapuleux (intitulée : "La Sosecra, une entreprise malfaisante") comptait près de 110 séquences.
A la mi-juin 2015, seules sept séquences de cette ancienne série 2, avaient pu être retrouvées, restaurées et diffusées

(2) Le buku Sorciers, services et crapuleux, dites vous ?


mercredi 24 juin 2015

.LE PFFF DE LA BRACOFA (ou "la haine des classes"), un remake d'une ancienne dépêche de l'agence de presse privée "Ana et le Congo" [i] que j'ai remise à jour en juin 2015 pour faire comprendre à RIP HOPKINS que je ne suis pas « récupérable » et que je ne tiens pas à figurer dans son dîner de cons (avec, en bonus, un commentaire d’In Koli Jean Bofane, alias Fossoyeur Jones, mon petit frère)


Avant, quand j’avais la grosse tête et que je me prenais pour un écrivain, j’enfilais des passe-montagnes ou des cagoules, je portais des moumoutes ou des postiches, j’utilisais des noms de cuite ou de guérilla et je n’avouais pas facilement
- La whonte, ducon ?
- Pfff !
le nom de gradaille et de gentillâtre dont j’avais hérité.

Plus tard, lorsque je me suis remis à écrire...
- Et pourquoi donc, ducon ? Ça n’allait plus avec Madame ?
- Pfff ! J’pige pas ! Likambo nini ? C'est quoi la feinte ?
- Tu t’ennuyais ? Tu cherchais à t’occuper, tu voulais te créer une zone franche, un domaine privé, un territoire de chasse ?
- Pfff ! Meuuuuuuuunon ! C’était sur toi que j’écrivais, petite chérie… A cause de toi, avec toi  et autour de toi. Avant de te perdre ou de me perdre : il commençait à se faire tard et les agents spéciaux Al Thusser et Pär Kinson n’allaient pas tarder à retrouver ma trace…
- Al Zheimer, ducon !
j’ai décidé d’assumer pleinement mes turpitudes ataviques et de signer désormais mes textes de ce nom-là… qui, après tout, est aussi le mien puisqu’il figure sur mon acte de naissance, ma carte d’identité, mon passeport et mon permis de conduire.
Et si ça en fait crever de rage
- Pfff ! « Bisquer » qu’ils disent-là, dans leurs salons-là, avec leur genre-là ou leurs airs-là, les gens de ce monde-là !
quelques-uns… que je porte le même nom qu’eux et qu’ils ne peuvent pas m’en interdire l’usage, même en province du Luxembourg et au grand-duché du même nom… j’en pète et j’en rote et j’en bande de plaisir !
-  Sia ! Tais-toi quand tu parles, ducon ! Ton haleine tue !
- Pfff ! Et tu voudrais sans doute que je me mette la main devant la bouche quand je pète, petite chérie ? Que je redevienne élégant et que je retrouve les bonnes manières ?


***


Donc, je m’appelle Didier de Lannoy
alias Didier, pour Ya Nze, GDV, Jipéji et les amis,
alias Ducon  (et ça ne signifie pas nécessairement "petit duc" ?) et Douchka pour Ana, ma femme mariée seulement (ce qui pourrait se traduire par "petit d" non ?) 
alias de Lannoy , pour Denise, la Mère-chef et pour Mutombo Tshipanzula (appelé aussi Doyen ou Gillon)
- De la noix ? s’épastrouillent,  se gaudissent et s’esbaudissent les parents et les amis d’In Koli Jean Bofane…
- Ben oui, comme le chanvre ! confirme Fossoyeur Jones, se fendant la gueule et se pourléchant les babines…
- Pfff ! Yo vraiment, petit na ngai  !
alias Monsieur de Lannoy, pour Bob Caiembe… qui me broye vigoureusement la main et me donne des coups de tête moqueurs,
alias ddl ou DDL, pour Jean-Pierre Kabeya, Pascal Wendjo Ojitandjeka et d’autres anciens collègue de travail, à Kinshasa (ex-Poto Moyindo, alias Mboki, mboka ya ba ndoki), capitale d’un pays pillé ou à Bruxelles-Brussel-Bruzout, capitale sans pays,
alias Mobudiééé, pour Ana aussi (mais ça afini par lui passer ?) quand il lui prenait de contester certaines de mes « décisions historiques »,
alias Pourriture, pour Henri Jouant, mon vieux complice (un anarcho-syndicaliste, poète et supporter des Rouches) du Service juridique de la Régie des Bâtiments, un sans-culotte et qui aurait bien aimé me raccourcir… mais, heureusement, Jan De Cort et Didier L’Homme prenaient toujours ma défense,
alias Mbwa mabe ou Szatan ou Monoko Mabe ou Sale Bouche, pour certains… je ne dirai pas pour qui, ils sont tellement nombreux,
alias Mundele, Bulanko ou Leucoderme 
- Et Mundele ngulu, Douchka ?
- Pfff !  Dans plusieurs villages qui n’avaient pas perdu la mémoire et se rappelaient le temps des oncles sorciers et malfaisants ! Bien sûr, petite chérie !
alias Mundele Madesu, pour les habitants des rues de Mpangu, Kanda-Kanda, Momboyo, à Kinshasa etc,
alias Yovo ou Yovo Mofo, pour les habitants de Badja et de Todomé, etc,
alias Pressé-Pressé, pour le professeur Mbulamoko Nzenge Movoambe, un de mes patrons préférés (… avec d'autres : Louis Mandala Mandar, André N’Kanza Dolumingu et Gaëtan Gatarayiha, évidemment !)
alias Vieux, pour Anselme Kaleme Tampi (alias Koko Anselme), Jamal Tahtah, Jean Omasombo, Achille F. Ngoye et Filip De Boeck,
alias Petit frère pour Henri Hockins Kadiebwe,
alias Vié ou Vié ba Diamba
- Avec un petit « b » ?
- Pfff ! Bien sûr ! Comme dans bor, bill, bok, biloko, bolingo, bayaya, bikila-kila ou bilanga !
pour André Yoka Lye Mudaba, Roger Mazanza, Eric Kikunda,  In Koli Jean Bofane, Vincent Lombume Kalimasi, Freddy Tsimba, Emongo Lomomba, Fiston Nasser Mwanza Mujila et Bibish Mumbu,
alias Papa Didier, pour les koko… et aussi pour les amis et connaissances du Quilombo et du gîte rural de Nassogne, au Togo,
alias Grand-Papa ou Togbe,
alias Mutu na Biso, pour ceux qui comprennent ce que ça veut dire
alias Le Peuple , pour moi-même et pour Nordine, le copain de la sœur de ma femme mariée… tandis que les citoyens normaux, en panne d’identification de leurs ennemis de classe, se demandent plutôt s’il ne serait pas temps de jouer les prolongations, d’achever le travail, de renouer avec la révolution française, de lui ouvrir un chapitre additionnel, une annexe, une ajouture, une rallonge, des paralipomènes,
alias 'le  mari de la femme du Peuple" … mais cette formulation-là « marche » encore moins bien que la précédente… tout de suite j’ai Lilith Liesens, Ouardia Derriche, Marie Tumba-Nzeza, Françoise Lambinet, Marianne Berenhaut et Marychelo Lopez sur le dos… et Antoinette Safu Mbakata, Malou Fontier, Césarine Bolya, Ima Mukakimanuka, Joëlle Baumerder et Nadine Plateau…  et Monique et Moniek ne sont sûrement pas loin… et les trois Nicole (Laget, Gérard, Legrand) ou quatre (la femme de Pablo aussi) de ma connaissance aussi,
alias Prof, pour Firmin Yangambi, les résistants, les irréductibles et les insoumis de l'Université de Makala 
alias le Vieux Chariot ou Mari Préféré de ma femme mariée et...


***


J'ai 75 ans depuis 6 mois seulement (septante-cinq ou soixante-quinze, c’est selon) et je souffre déjà de la prostate, comme
- Pfff ! On critique, on critique… et on finit toujours par ressembler à ceux que l’on critique, non ?
- C'est bien ce que je disais, approuve ma femme mariée: Mobudiéééééé !
Mobutu Sese Seko Kuku Gbendu wa Zabanga, le « Roi Christophe » du Zaïre, et de l’hostilité générale de l’ensemble de mes propres organes et institutions :  l’estomac,  le pancréas,  les reins, les intestins et différentes autres affaires intérieures, durites et tuyauteries et...

Je ne suis pas né esclave (rêvant de devenir marchand d'esclave), serf (rêvant de princesses et de châteaux), ouvrier, porion, laquais, cocher, cuisinier,journalier ou valet de ferme (rêvant d'épouser la fille du patron ou de s'établir à son propre compte). Je ne suis même pas le fils d’une boulangère et d’un facteur à vélo, d’un marinier et d’une employée des chemins de fer, d’une houilleuse et d’un ouvrier sidérurgiste, d’un clerc de notaire et d’une institutrice et…

Mon père n’a pas non plus été un équarisseur-fossoyeur, ivrogne et violent, de la rue des Brasseurs ou de la rue de l’Ange à Namur et n’a jamais dû retourner des tombes pour récupérer les chaussures neuves et le costume trois-pièces de ses clients rupins et s’emparer de l’or, des actions au porteur et des indulgences plénières, des bijoux et des dollars qu’ils emportaient avec eux au Paradis, planqués dans leur ceinture, leur caleçon et leurs chaussettes ou cachés (avec quelques capotes parce qu’on ne sait jamais… et qu’on ignore tout des pratiques sexuelles des anges et des démons)  sous la reliure de leur missel ou de leur bible et...

Ma mère n'est pas la deuxième des trois filles  d'une bistrotière et d'un ferronnier qui se plaignaient toujours de n'avoir pas eu de garçons. Ni le fille aînée d'un chauffeur de bus et d'une couturière.
Elle n’a jamais, à ma connaissance, travaillé de ses mains sous lesordres d'un patron ou d'une patronne.
Comme nettoyeuse-serveuse, ou comme préposée à l’épluchage des pommes de terre et au récurage des casseroles dans un restaurant, ou comme vestiairiste ou madame-pipi dans un casino ou une brasserie de La Plante, ni comme...
- Pfff ! C’était ça ou le trottoir, eh ! Elle n’allait quand même pas rester à la maison toute la journée à ne rien faire !
ouvrière intérimaire dans une blanchisserie spécialisée dans le lavage de vêtements sacerdotaux, une industrie de transformation du bois, une usine de compostage, une entreprise d’élevage de volailles ou une fabrique de confitures des environs de Jambes.
Son compagnon ne la battait tous les soirs parce qu’elle avait refusé d’avorter et…
- Pfff ! Il avait menacé de lui ouvrir le ventre et de jeter son fœtus aux cochons, oh !

Je suis le fils d’un militaire de carrière (conçu en février 1939 et né pendant la « drôle de guerre ») et le petit-fils et l’arrière-petit-fils et, sans doute, l’arrière-arrière-petit-fils, etc...
- Pfff ! Je suis le premier vrai civil de la famille, non ?
de nombreux autres sbires, soudards, reîtres ou assassins professionnels.

Ich bin, I am, nazali le fils apparemment légitime d’un « cavalier » élégant et champion (ou presque) de concours hippiques qui laissait dire ou entendre que ses ancêtres avaient battu François Ier à Pavie ou avaient fait partie du personnel domestique (officier d’ordonnance et précepteur-larbin de deux sales gamins, vaniteux et morveux ?) de Léopold Premier… mais qui avait raté sa deuxième guerre mondiale (les chevaux de bonne race ayant été équarris et remplacés par de vulgaires autos blindées et des chars d’assaut non titrés) et n’avait même pas réussi à se faire nommer général de brigade et qui ne pouvait se prévaloir d’autres glorieux faits d’armes...
- Pfff ! Les forces de l’ordre avaient accompli leur devoir ? Des « hordes d’insatisfaits » se ruaient à l’assaut des institutions : la Patrie, le Roi, notre mère la Sainte Eglise, le Congo belge, la SGB et l’UHMK, l’école catholique, la liberté du commerce et de l’industrie ? Il fallait absolument les immobiliser ?
que d’avoir contenu des émeutes ouvrières dans le Borinage ou même, rapporte-t-on, d’avoir fait tirer sur la « canaille » à Grâce-Berleur…

            Nazali mpe, ik ben ook, soy tambien le fils de son épouse : une baronnette d’origine mi-limbourgeoise, mi- liégeoise, dont la famille avait quitté les bords de la Meuse et s’était installée en Ardenne (où, depuis toujours, les châteaux d’occasion, les propriétés de seconde main se négociaient moins cher et où les sapins et les pommes de terre poussaient en abondance et où un capitaine artilleur, gazé pendant la Première Guerre mondiale, avait tenté de se refaire les poumons),  bientôt orpheline de père, sans terres ni actions et quasiment sans dot, qui aurait mieux fait, sans doute, de jouer du boggie-woogie dans un boui-boui de la Nouvelle-Orléans, d’oublier ses «angoisses » de statut social à préserver ou de race à "améliorer"... et de laisser tomber les ambitions eugéniques qu’elle nourrissait pour sa progéniture.

- Pfff ! Un jour, j’ai dit à l’épouse de mon père  qu’elle défendait les intérêts d’une classe à laquelle elle n’appartenait plus… à supposer qu’elle y ait jamais appartenu ! Jubilation dans la gentilhommière! Une classe sociale sans avenir, ai-je tenu à lui préciser, supplantée par de nouvelles variétés de prédateurs, plus féroces et plus performants… et dont le pouvoir de nuisance avait, fort heureusement, grâce à Marat, Saint-Just et Robespierre, été réduit à sa plus simple expression ! Extase et métastase ! Et je me suis fait traiter de communiste et de « réactionnaire » (sic) par son mari, oh !

Il s’agissait, en effet
- Pfff ! Là était le projet de société de ma mère, sa croix et sa bannière, la mission ingrate qu'elle s'était assignée, l'objectif qu'elle s'était (avec l’aide de Dieu !) résolue à atteindre, le sens profond de son existence sur terre !
de récupérer des "quartiers", de « bleuir » davantage un sang qui avait été « appauvri » par le mariage d’une authentique baronneke (avec de bons "quartiers" mais sans un sou vaillant) avec un simple « petit de », un nobliau de deuxième, troisième ou quatrième catégorie qui se prévalait d’armoiries débiles (griffonnées sur un carton de bière par un étudiant fauché de l’académie des beaux-arts d’une ville-garnison de province ?), un prétendu membre d’une petite... Pas même le quart (du douzième de la moitié) d'un quartier de noblaillerie, oh !, noblesse belgicaine à traçabilité réduite et d’origine incertaine (un père, un grand-père faisant mieux le baisemain qu'un directeur d'hôtel d'une ville d'eaux ou qu'un revendeur de voitures attelées pour femmes du monde ou un arrière-grand-père ou un arrière-arrière-grand-père n’aurait-il pas racheté, à très bon prix, au XIXe ou même au XXe siècle, quelques morceaux de doréye de lignages en déshérence comme on achète « moins cher » des vieux meubles de style à un antiquaire en faillite ? Ou des « droits de pollution » aux Etats-Unis ?) et qui se revendiquait de Franklin Delano Roosevelt (un lointain cousin, un migrant, un boat-people ou un aventurier qui aurait fait fortune aux Amériques ?) mais qui, ni empereur, ni roi, ni prince, ni prince-évêque, ni archiduc, ni duc, ni marquis, ni même comte
- Un hobereau de basse province hennuyère ?
- Pfff ! Un simple cavalier !
- Pas même un chevalier ?
- Pfff ! Même pas !
- Un garçon d’écurie alors ? Un palefrenier, un vétérinaire ou un maréchal-ferrant ? Un éleveur, un entraineur ou un jockey ? Un moniteur d’équitation, un accompagnateur de touriste équestre ?
- Pfff ! Quelque chose dans le genre : un « officier de cavalerie » ! Un homme de métier oeuvrant dans la filière équine ! Un professionnel du cheval, de la selle et des éperons, de la cravache et du crottin !
- Delannoit, Delannoit, dites-vous ? Ce nom-là me dit quelque chose…Ne feriez-vous pas partie de la famille de Cyriel Delannoit, le tombeur de Marcel Cerdan ? s’émerveillaient le facteur (dont il fallait se méfier parce qu’il était socialiste), le livreur de lait à domicile, le préposé du gaz ou de l’électricité (qu’on demandait à ses « gens » d’accompagner jusqu’à la cave parce qu’on les soupçonnait d’être des agents du Komintern), le gardien de square (un ancien policier à la retraite, une personne de toute confiance qui avait fait son service militaire chez les Guides ou chez les Lanciers) ou le balayeur de rue, le charbonnier, le cordonnier, la boulangère, le sacristain et la patronne de l’épicerie (qui travaillait tous le dimanche matin mais oubliait généralement d’avouer cette faute à son confesseur) !
ni même vicomte et ne portait aucun des véritables titres de noblesse reconnus par l’équivalent belgo-belge de l’ordonnance franco-française restauratrice du 25 août 1817… dont elle aurait pu s’enorgueillir… les ambitions eugéniques, disais-je (mais arrêtez de m’interrompre tout le temps, je m’embrouille, je perds le fil de mon histoire et je risque la sortie de route !) que l’épouse de mon père nourrissait pour sa progéniture...
- Pfff ! Je leur ai dit aussi, à mes parents, qu’ils se comportaient comme des éleveurs de bétail, des vétérinaires ou des maquignons ! Euphorie au château !
et (c’est bien ce que je craignais, je me suis perdu, mon dérailleur déconne et mes freins ne répondent plus, je débine et je déparle) de « se lâcher » et de s’abandonner à sa seule véritable passion, celle du piano
et de devenir (peut-être) une Mary Lou Williams, une Nina Simone ou un autre Thelonius Monk 
et de passer (peut-être) du piano à l'orgue Hammond B3 et d' y rencontrer Jimmy Smith et Rhoda Scott.



***


Ik ben ook, nazali mpe, soy tambien le fils aîné des co-propriétaires désargentés d’un prétendu château en Ardenne, dans la province du Luxembourg (une simple « gentilhommière » ou un grand « pavillon de chasse », un flamingo-lupanar de campagne pour personnes de qualité et gens de bonne famille ?  avec une façade en briques flamandes parce que ça faisait plus chic à l'époque et un très joli parc… et des orties et des chardons pour chasser les enfants du village et faire peur aux vaches que des fermiers insolents envoyaient divaguer sur les terres de madame la baronne) où je suis « bien né », en novembre 1939 et qui
- Pfff ! Il était temps ! Comme une crotte au derrière dont on se trouverait enfin libéré !
est aujourd’hui vendu, dépecé, partagé), rempli de vieilles toiles d’araignée lourdes de poussières et de nombreux pianos droits désaccordés
- Pfff ! Je haïssais la musique classique et tout ce qui me paraissait « aller avec » : la hautaineté et les bonnes manières, la compassion, le suprémacisme blanc-chrétien et le patriotisme clérico-royaliste, la glorification de l’œuvre missionnaire en Afrique et la grand-messe du dimanche (mais pas à n’importe quelle heure et avec n’importe qui… jamais avant 11 heures et toujours aux premiers rangs et sur des chaises réservées !), les privilèges du mâle et du fils aîné, les mérites de l’héritage et de la généalogie, les valeurs intangibles de la tradition et les vertus sacrées de la propriété, l’art de la valse anglaise ou viennoise (et la détestation du tango et de la rumba), la pratique élégante (en famille, devant quelques rares invités !) d’un instrument de musique (le piano et le violon plutôt que la guitare… jamais le saxophone, la trompette ou la batterie !), du golf, de l’équitation et du saut d’obstacles, du polo et du hockey (en amateur seulement… et de préférence au foot, estimé trop vulgaire !), de la chasse à courre, du rallye automobile et du "noble art" (la pratique de la boxe anglaise, entre gentlemans... mais pas celle du catch ni de la course cycliste), de l’escrime, de l’alpinisme, du scoutisme (mais pas avec n’importe qui… chez les Lones, évidemment !), du patinage sur glace et de l’exploration du monde, de l’aviron, du yachting, du whist et du bridge, du lawn-tennis (mais en s’habillant avec modestie, tout en blanc et pas contre n’importe qui… jamais contre André Agassi, le ramasseur de balles effronté, ni contre une Serena Williams qui s’exhibe insolemment en « petite tenue » !), des thermes ou du ski alpin (mais pas dans n’importe quelle station !) Et je vomissais le champagne français et le thé anglais, le cognac et le scotch, la truffe, le caviar, les huîtres, les alliances, anneaux et chevalières, le foie gras, les smokings, les lodens verts et les manteaux de fourrure, les épingles de cravate, les chapeaux à aigrette, les voilettes et les gants de ville, les « pralines belges » et autres gâteries en chocolat pour boyards et prébendiers!
- Et le taï chi et la capoeïra et la marche nordique, ducon ? Tu dézinguais ça aussi ?
- Pfff ! Ça ne se pratiquait pas alors, petite chérie ! Ça ne correspondait pas aux idées du temps et du milieu (telles que diffusées par La Nation belge, Europe Magazine, Réalités, La Patriote Illustré ou L'Eventail) sans doute ! On n'en parlait pas encore dans Le Ligueur, le journal de la paroisse ou Sélection du Reader's digest ! 
- Et le scrabble, ducon ?
- Pfff ! En ce qui concerne le scrabble, les échecs et les patiences, je m’abstiendrai, je ne dirai rien, je ne me prononcerai pas… pour éviter de te déplaire, petite chérie !



***



Né en Belgique, en province du Luxembourg, au village de Nassogne, dans la chambre n°4 (comme à Badja ! pour peu que l’on compte à l’envers, en accédant au premier étage par le petit escalier de derrière, celui des bonnes et de la circulation discrète des plateaux, balais,  fantômes, amants, conspirateurs, espions, assassins, brocs et seaux hygiéniques) d’une grande bâtisse appelée « château de Coumont », j’habite à présent la magnifique maison d’un maître-plombier, rue Maes, à Ixelles, judicieusement modernisée par cet ancien propriétaire : chauffage central à tous les étages, quatre sources d’eau potable (à la cave, à la cuisine et dans deux chambres), un seul WC (sans chauffage ni lavabo) et une salle de bain (en sous-sol) et...

Je suis l’ancien mari (séparé mais, comme on dit, demeuré « en excellents termes ») de Denise, la Mère-chef et...

Je suis le beau-fils adoptif de Gougoui Kangni… et le résident habituel et privilégié de son gîte rural, un autre « Nassogne » (semblable mais différent !) que lui-même et Nicole ont rêvé, conçu et construit de toutes pièces à Badja, au Togo et...

Je suis le conjoint actuel et le coquin toujours en activité, d’Ana,
alias Muka ,
alias Motema Magique,
alias Tantine Betena,
alias Catalogue, surtout pour Henri Hockins Kadiebwe et Bob Caiembe et Hono et
- Pfff !  Seulement lorsqu’elle revient d’un vernissage à la « Maison du Livre » ! Une fois tous les deux ou trois ans ! Pas tous les jours, quand même…
Charles Lundulla, Papa Mundabi, Junior, Jazz Moro, Jimmy
- Mobali ya ba Mama ?
- Pfff ! Ye moko ! Alias Chéri na bango !
et quelques autres clients du Carrefour,
alias Petite chérie,
alias Bobonne,
alias Mère ou Mèré ou Méré, c’est selon,
alias "mon amour, ma muse, mon dictionnaire",
alias "ma femme mariée",
alias "ma louve, ma tendresse, ma mégère, ma gaîté, mon gang",
alias "mon immondice, ma charogne, mon remugle, ma décharge publique",
alias "ma femme plus belle que la leur"
alias "ma flore intestinale"
alias "ma grenouille arboricole aux yeux gris-verts",
alias "ma tomate verte de Valencia"... qui murit et rougit à partir du cœur, de l’intérieur,
alias "ma belle brocante" (parce qu'on trouve de tout dans cette femme mariée-là, même une partie de dames en quechua avec deux Incas grognons, querelleurs et complètement bourrés, à Iquitos, en attendant le signal de départ d'un rafiot de contrebandiers à destination de Laetitia, de Tabatinga et de Benjamin Constant... et qui voulaient peut-être lui faire payer une vieille dette coloniale espagnole)...
alias Anaco, comme Ana er le Congo,

Ana et le Congo, alias "ma référence et ma préférence, mon pancréas et ma vésicule biliaire, mon entêtée, ma révoltée" 
Eheeh ! Mon-mon-mon, ma-ma-ma... ça commence à bien faire ! C'est marre ! Je ne suis le mon-mon ou la ma-ma de personne ! Tu n'es pas mon propriétaire ! Je n'appartiens qu'à moi-même ! Et je ne me partage pas ! Ne cherche pas à me couper en tranches et à t'emparer de moi ! N'essaie pas de me voler des parts  !
- Pfff !

Ana et le Congo, alias "mon être humain, mon tenant et mon aboutissant, ma cohérence, mon programme d'action, mon éminence grise et mon âme damnée, ma conseillère spéciale en matière de sécurité et mon contradicteur" 
-  Eheeeeh ! C'est pas possible ! Tu te prends vraiment pour Mobutu ! Tu t'imagines encore que c'est toi qui commande à la rue Maes ? 
- Pfff !

Ana et le Congo, alias "mon origine de la vie et ma fin du monde"Ana et le Congo, alias "mon point de départ et ma case d'arrivée, mon angoisse et tous mes apaisements, ma complice, ma purée de châtaignes aux airelles, mon fétiche, mon fil rouge et mon pitch"... 

Ana et le Congo, alias "ma femme mariée, ma décoiffée, ma crotte de bique, mon assiettée de champignons des bois au chorizo bellota" et j'en oublie...
- Ma décoiffée ?
- E bongo ! Celle qui ne se couvre pas la tête !
- Mais encore ?
- Celle qui ne porte ni la cagoule, ni le voile, ni la mantille, ni le foulard de tête, ni la cornette, ni le képi, ni le sombrero, ni la chapska, ni la gamelle, ni le saladier, ni la calotte, ni la tiare, ni le turban, ni la casquette de base-ball, ni le serre-tête, ni le passe-montagne, ni le bonnet de nuit, ni même le canotier de la reine d'Angleterre, ni même un vieux ballon de foot transformé en casque de footballeur américain...



Ana, alias "mon emmerdeuse", alias Brujana, la Criticona ou "no me digas !", alias "la compagne de route de Paul Lafargue  (marxiste par alliance) et la frangine de Rirette Maîtrejean" 
- Ana, alias Zora Lee, petite chérie, si tu veux bien... Tu veux bien aussi ?
- Sia ! Tu rigoles, douchka ? Jamais ! Moi, je suis une vraie f emme ! Pas un personnage de tes romans de cul qui n’ont jamais fait rigoler personne ! Je suis une vraie femme avec des os, de la moëlle et de la bonne viande près des os ! Pas un fantasme fabriqué de toutes pièces, un puzzle, un collage, une éprouvette, une escroquerie !
- Pfff ! Une « femme du peuple », peut-être ?
- Mais non, ducon, t'y comprends rien : j’aime le confort et le luxe (que tu ne m’as jamais offert...) mais pas  les gens qui « vont avec »! Et je déteste la travail salarié !
- Pfff ! Une feignasse, quoi ?
- Mais non, ducon, tu ne comprends jamais rien à rien: les empereurs, les seigneurs, les rois des Bakuba ou des Bayeke (et Kiamfu, le chef des Yaka), les évêques, les capitalistes, les communistes, les esclavagistes, les colons et les nazis (et même les féministes !) veulent tous me faire bosser ! Pour eux et à leur profit exclusif ! Sur leurs terres et à leur service ! Dans leurs usines, leur bureaux, leurs mines, leurs bagnes, leurs bordels militaires de campagne ou leurs plantations !  Le travail libère, disent-ils ! Arbeit macht frei ! La vertu par le travail ! Moi je résiste ! Je refuse de mener une vie d'abeille ou de fourmi ! Je refuse de servir à table, d'ouvrir les jambes et d'obéir aux ordres ! Et que vive l'anarchie, l'ataraxie et la procrastination !
- La procastrination ?
- Pfff ! Pourquoi se lever aujourd'hui alors qu'on peut encore se lever demain ?

Ana,  alias "ma veuve" ou "la veuve", dis-je ou dit-on… cela dépend des circonstances, si je suis déjà mort ou pas
- Et si je remettais ça à plus tard, tu m'en voudrais ?
- Sois sympa, mon amour, meurs vite ! Fais pas chier !
- Pfff ! Et comment veux-tu que je meure, petite chérie, en une seule fois ou en plusieurs morceaux ?
- Sia ! Contente-toi de mourir, Douchka, je m'occupe du reste ! Fais-moi confiance ! Je mettrai ton cadavre à bouillir dans une grande marmite de façon à libérer ton corps de son squelette et de ses péchés  !

Ana, alias "la pobrecita", diront quelques consolateurs empressés qui viendront s'éclater à mon matanga (où les imams, curés, informateurs des « services », mbila, ngando, taxateurs, pasteurs, prophètes, proxénètes, moines et rabbins ne sont pas admis mais où tout le monde seront invités à boire du deha ou du masanga ya mbila, du sodabi ou du lotoko, à fumer du diamba, raconter, koseka, kokretcher, kotonga batu, jouer du tambour, chanter, danser, kodamer, kodongola miso, kobipe, kofoler et faire la fête)...

Ana et le Congo, ses encoignures et ses anfractuosités, la face interne de ses cuisses, le sillon de ses fesses, ses pièges et ses abris portecteurs, ses abeilles sauvages et ses guêpes solitaires, ses crottes de cheval qui se transforment en moineaux et jamais en corbeaux, ses coccinelles qui éloignent  les prédateurs par l'odeur incommodante de leurs pets, son boa qui souffre des articulations, son éléphant qui joue au golf avec sa trompe, ses mouchoirs de soie enfouis dans des bocaux à pharmacie, la grande prairie ensoleillée de ses cheveux où nichent plein d'oiseaux, les profondeurs de son vagin, ses placards à balai et les crocodiles... - Pfff ! Ses embuscades !qu'elle cache dans ses greniers, la moue de ses lèvres, le creux de ses oreilles...


***


Ik ben ook, nazali mpe, soy tambien et c'est essentielet je m’en glorifie
-Pfff ! En partenariat évidemment ! Avec Denise, la Mère-chef et Ana, ma femme mariée ya sika !
le papa d’Hortense (alias Leto), Nadine (alias Ekisa), Eric (alias Mboyo), Djuna (alias Jorge) et Lianja (alias Youri)  et le koko de Sukina, Kako, Percy, Tensia, Maëlle, Loïle, Nyssia, Kimya et Kemi et
- Siatapata ! Avec une « tige bâtarde » aussi, j’imagine, ducon ? Comme dans toutes les grandes lignées ? Un rejet, un morbac, une balle perdue que tu m’aurais cachée ?
- Pfff ! Waya ! Il ne faut pas écouter tout ce que les gens racontent, petite chérie ! Lokuta na bango !
je suis le président-fondateur de la branche congolaise de ma famille et...
- Pfff ! Na nko vraiment ! Président-fondateur ou « autorité morale » (comme ont dit maintenant) ! Na kanaye kaka !  Avec orgueil ! Ata nazali "fo motu" (fo falama to fo bulanko... mundele madesu, kaka) ! Ata nazali "fo congolais" mpenza... et que nalobaka lingala malamu te et que nazokoma (aidé par quelques coups de langue de Mwana Danzé, de Gododo, de César alias « Qui Saura », de Sinatu et de la Mère Anto, de Mbuta Ndaka-Ndaka alias "Papa Antoine" et de Kanuma-Nguibidi alias « Petit », d’In Koli Jean Bofane alias « Fossoyeur Jones » ) cinq ou dix mots de "fo lingala" seulement !  Ata nazolata bilamba ya tralala ! Ata nakomi fazer to kokobar to tshoro ! Ata nakomi mpaka to mpiaka ! Ata nayokaka malamu lisusu te ! Ata nakoki komela bière na lotoko lisusu te ! Ata nalingaka mbisi te ! Ata nalingaka kokende na matanga te ! Ata nayebi kobina bien te, surtout le mutuashi, le sundama ou le Ya Mado !
je me revendique hautement du chaudron culturel congolais dans lequel je suis tombé depuis très longtemps, de l’école congolaise de la vie à voix haute, de la jactance et de l’écriture… la tchatche, le bagou, les colères et les rires, la débrouille « au taux du jour », l’esprit de résistance et la ténacité... 
Très loin…
- Pfff ! Aussi loin que possible !
d’une prétendue élite d’écrivains stipendiés et de philosophes-conseils aux ordres, de faiseurs de livres, remplis d'eux-mêmes, jamais poussés par aucune nécessité ni par aucune exigence, seulement soucieux de leur « gloire » et de leur pognon...

Et je les emmerde tous, donneurs de leçons emballées sous vide ou pendards de ma propre bande et j’appose ici, résolument, ma griffe et
- Pfff ! On ne tourne pas les pages d’un livre dans lequel on ne se reconnait même pas, petite chérie ! On les arrache, on les déchire et on les brûle !
schtonk dans leur derrière !






[i] Les « dépêches » (déchaussées, divagantes, yoyotantes) de cette deuxième compil de dépêches de l’agence de presse privée Ana et le Congo (AnaCo 2) ont été rédigées à Nassogne (canton de Djaba en République d’Awoyo) puis revues et corrigées à Matonge (châtellenie d’Awel, au royaume de Jupiler) dans les années  2006-2007 : recueil de non-dits, de cartes postales électroniques, de clichés de famille et de « cartons de château » résolument nunuches… dans lesquels Vieux Didier raconte à sa façon, en se donnant toujours le beau rôle, la vie dure qu’il a menée à Motema Magique et s’applique à faire des mignardises et des chatouilles à presque tout le monde parce que (le contraire eût été trop risqué) « on ne peut quand même pas dire (trop) de mal des pendards de sa propre bande ».

La dépêche Anaco2 intitulée « Je suis le président-fondateur de la branche congolaise de la famille (Bracofa) », a été vrillée, remakée, bistournée ou affinée en juin 2015 (entre la carrer de Canals à Valencia, la Maestrat -sic- du quartier chinois de Manises et la carrer Isabel la Catolica de L'Eliana) dans le but;
1.  de raconter à certain(s) de mes koko la glorieuse histoire de leur famille (à ceux, particulièrement,  qui seraient friands de textes hagiographiques ou avides de légendes avec des donjons et des murailles percées de mâchicoulis, de preux chevaliers et de gentes dames, des fées barbies et d’affreuses sorcières aux fesses furonculeuses, aux oreilles buissonneuses et aux sécrétions baveuses… et aussi avec des serfs  ignares et abrutis, taillables et corvéables à merci… toujours suspectés de voler des régimes de noix de palme dans les plantations ou accusés de pratiquer l'agriculture, la pêche, la chasse et la cueillette et de fabriquer du lotoko et du charbon de bois sur les terres et dans les forêts seigneuriales… et de plus en plus résistants et rebelles, aiguisant des pieux, creusant des tranchées et des tunnels, repérant les lieux) ?
2. ou plutôt de calecer, égoïner ou écouvillonner un Anglais (se recommandant d’un ami, Laurent d‘Ursel… un certain Rip Hopkins dont j’ignorais l’existence jusqu'à ce jour et dont je découvre avec jubilation le travail sur Internet) qui voulait me prendre en photo ! Et lui faire bien comprendre à ce James Ensor mistik et facétieux que je ne suis pas « récupérable » et que je ne tiens pas à figurer dans son dîner de cons ? Et que je préfère les mots aux noms et que ma gueule n’a aucun sens sans les mots qui l’accompagnent ?

Cette dernière version a été commentée et adoptée de la façon suivante (dans un mail du 11 juin 2015 adressé à Gia Abrassart… dont il m’a réservé copie) par mon frère et complice, In Koli Jean Bofane, ancien résident de la chambre n°4 du prétendu « château de Coumont » au Nassogne de Belgique: 
Si Vié se désiste pour un cliché de lui, c'est normal. D'ailleurs, n'a-t-il pas toujours lutté pour démonter que les apparences ne sont pas toujours ce que l'on croit ? Etre ou ne pas être est une question que Vié ne se pose plus depuis la tendre enfance lorsqu'il était là-bas, à Nassogne, dans la forêt, parmi les elfes et les braconniers. Dans son univers, que se soit Kinshasa ou Gotham-city, il n'y a aucune différence entre elles. Quand on pense ; de qui et de quoi, la BRACOFA est-elle réellement composée ? Personne ne peut vraiment le dire, c'est comme une nébuleuse. L'étymologie du pseudonyme "ba Diamba" et celle de "de Lannoy" diffèrent complètement, pourtant ils sont semblables en y réfléchissant bien. L'homme est Belge, semble-t-il, pourtant il a été adoubé, par ses pairs, écrivain congolais parmi les écrivains congolais. Ne croit pas, Gia, ma soeur, que Vié fait la diva en se refusant à l'épreuve du flash. Non. C'est simplement qu'une photo de lui ne signifiera pas grand dans l'univers dans lequel il évolue. Tout peut arriver, dans ce monde là. Dans ce contexte, une photo de lui, c'est quoi ? C'est rien. Elle sera brouillée d'avance. Le Vié, devant nous, parle d'individus comme Parkinson ou Alzheimer pour nous faire croire qu'il a de nouveaux amis et qu'il veut une vie paisible en leur compagnie. C'est encore une fois faux, il n'a que nous comme amis et ne recherche nullement une vie paisible. Est-ce qu'un type qui change de nom plusieurs fois dans sa vie, comme Didier de Lannoy l'a fait, aspire-t-il réellement à une vie tranquille ? Gia Abrassart, ma soeur, je te laisse seule juge.
In-Koli Jean Bofane, son petit, alias Fossoyeur Jones