mardi 24 mai 2016

A chacun SA MOUCHE (Boileau a bien raison : pour être diabolique, il faut persévérer )



Vieux moins-le-quart, ça n’allait plus sa tête !
Les nuages trop chargés finissent toujours par verser, non ?
- Mwouais
Mordu à la bouche, à la fesse ou à l'entrejambe par un cheval dressé à l’attaque, Vieux moins le quart divaguait. Il perdait le contrôle de son embarcation, bousculait les portes à bascule d’un bar de western, connaissait des ennuis mécaniques en survolant la cordillère des Andes, se faisait adopter par des Américains « pour combattre le capitalisme et l’impérialisme de l’intérieur », heurtait de plein fouet une baleine à la dérive ou une plateforme pétrolière abandonnée et se désolait : « j’aurais mieux fait d’entrer dans la Fonction publique et de me faire instituteur de canetons, de lapereaux ou de poulets de grain ! »
- Mwouais… Pas vraiment de quoi s'alarmer !
Il ne tournait plus jamais le dos à un miroir, c’était beaucoup trop dangereux : un cheval dressé à l'attaque pouvait toujours sortit d’un coffre, d’un puits ou d’une cheminée, lui mordre l’oreille, arracher ses piercings…

Ces symptômes plutôt extravagants…
- Mwouais... Aucune raison de paniquer !
n’inquiétaient pas outre mesure le médecin traitant de Vieux moins-le-quart...
Ce médecin traitant…
-  Pfff ! Ce n’est pas très rassurant !
était bouddhiste, jaïniste, hindouïste, orphiste, carpocratiste ou manichéen, en effet... et croyait fermement en la réincarnation de ses adeptes.
Et quand il n’était pas bouddhiste, le médecin traitant de Vieux moins-le-quart était…
- Pfff ! Ce n'est pas non plus très rassurant !
catholique, orthodoxe, copte, calviniste, évangéliste, mormon, membre de l'église baptiste des Premiers Corinthiens  du Ministère Amen, de la Chapelle des Vainqueurs, de Baruti Tabernacle ou des Brebis de Jéricho... juif, animiste, yezidi, chiite, sunnite, soufi, alaouite et croyait sûrement en quelque chose de très suave, de plutôt écoeurant et de beaucoup trop sucré comme… la résurrection des morts... La la lalère !, ou la possibilité, après la mort, de trouver à se planquer quelque part, à l’aisément, dans un royaume des ancêtres ou dans un petit coin bien tranquille, au bord de la rivière, feuillu et bien chauffé et d’y pratiquer le pêche à la ligne… La la lalère !, et d’y vivre de ses rentes, loyers et butins, à l’abri de la faim et du chômage, de la pluie et du soleil, de l’hiver et l’harmattan, des rackets de la police et des « tracasseries » de l’armée, des embouteillages et des épidémies, des mouches et des moustiques, des prédateurs de mammifères, de la désaffection de l’épouse et des pannes sexuelles du conjoint, du manque de reconnaissance sociale…
Et quand le médecin traitant de Vieux moins-le-quart  était…
- Pfff ! C’est pire encore ? Ça me fait une belle jambe !
marxiste ou positiviste, il croyait au sens de l’histoire et au progrès scientifique universel, linéaire et perpétuel

De quelle espèces menacées les hommes en général et Vieux moins-le-quart  en particulier sont-ils la nourriture préférée : les vers, les crabes et les écrevisses ? 
Ou bien les chacals et les corbeaux ? Les mouches ?

Chacun a sa mouche.
Vieux moins-le-quart a pu croire un moment que la sienne ne s’intéressait plus à lui, qu’elle avait trouvé à s’occuper ailleurs, qu’elle avait flashé pour quelqu’un d’autre ou …
- Pfff ! J’avais tout fait pour ! Je m’étais montré désagréable, discourtois, ingrat, odieux ! Je lui avais même lancé des lézards féroces et affamés dans les pattes !
qu’elle avait définitivement perdu sa trace.
Elle vient de le retrouver ! Et… Buzzz !, sans tarder, le relance activement !
Elle avait failli le perdre mais elle avait réussi à retrouver sa trace, ses sueurs, son haleine et ses pets ! Buzz ! Elle l’avait choisi, quoi ! A la vie et à la mort, quoi ! Où qu’il aille et quoi qu’il fasse, quoi ! Elle le suivait partout...Buzz !, de la cuisine aux toilettes, de la chambre au bureau, du berceau au cercueil ! Buzz ! Avec ténacité ! Rôdant autour de ses narines et de son trou de balle et lui chatouillant les oreilles et les naseaux, se posant sur son verre et sur sa gamelle ! Buzz ! Elle ne voulait plus le quitter ! Buzz !
Comment Vieux moins-le-quart pouvait-il bien s'en débarrasser ?
Devait-il la faire la faire souffrir, l’insulter, la malmener, la frapper, la menotter dans le dos, la traîner par terre en la tirant par les cheveux, la plaquer sur un flipper ou sur un juke-box ou sur le capot d’une voiture, l’écraser, l’aplatir, lui attacher les pattes avant l'accouplement (pour limiter les risques de se faire dévorer après), la forcer ou la sodomiser ?
Ne devait-il pas plutôt lui offrir un bouquet de fleurs odorantes et un flacon de  parfum prenant, lui faire le baisemain, la tenir par le bras pour l’aider à descendre l’escalier, lui ouvrir galamment la porte d’entrée … et la balancer dans la rue, la jeter sur le trottoir, la flanquer dans le caniveau ?
Chacun a sa mouche, la mouche qu’il mérite ! Jusqu'à la mort et pour l'éternité (dès lors qu'une mouche de bonne famille et d'excellente compagnie n'oublie certainement pas de pondre ses oeufs dans les chairs en voie de putréfaction de son amant) !
Chacun a sa mouche, son ange gardien et son vautour charognard personnel aussi… qui attend, patiemment, en jouant aux cartes avec des collègues…

Chacun a sa sonnette, son escalier, sa porte et ses mapapa (ou ses djimakpla) devant la porte, son corbeau, son chacal ou sa mouche.
La sonnette retentit, l’escalier gémit, la porte grince, les mapapa (ou les djimakpla) somnolent et attendent qu'on les chausse... Mais une fois aux pieds, elles raclent le sol, sans aucune élégance !, le corbeau croasse, le chacal piaule, la mouche vrombit.
Chaque être ou chaque chose a son propre bruit ou ses silences singuliers… et chaque bruit et chaque silence est utile et trouve sa place dans l’orchestre
Les vautours charognards, habituellement silencieux lorsqu'ils tournoient dans le ciel, peuvent également devenir bruyants et tapageurs quand ils se disputent une carcasse.

C’est vrai, quoi !
Ayant déjà accompli plus de 76 mandats sur son quota, Vieux moins-le-quart… 
 - Pfff ! Collez-vous bien ça dans le fusil ! Et ne me dites pas qu’il pleut quand vous me pissez dans  le dos !
divaguait et n’avait plus beaucoup d’années, de mois ou même de jours en magasin pour terminer son règne en beauté, diaboliquement... toujours addict à sa femme mariée, aficionado de ses lifanto, groupie de ses koko et fervent supporter de ses compagnes et compagnons de lutte, certes... mais déterminé à persévérer et à terminer son parcours dans l’indignité et la transgression la plus totale… morale, musicale, sociale, cérébrale, culturelle, spirituelle, sexuelle, constitutionnelle, militaire, littéraire, sécuritaire, budgétaire, juridique, généalogique, économique, patriotique… tous azimuts et tous consorts.

Pfff ! 76 mandats et bientôt 77 !  
Eheeeh ! Yebela, Vié ! Fongola miso, etikali yo kaka !

Il est donc urgent pour Vieux moins-le-quart  de trouver à s’occuper et de s’inventer de nouveaux ennemis irréductibles à combattre jusqu’à (mais sans trop se presser quand même) la mort, qu’il parvienne à en tuer quelques-uns, tout en gardant les autres en réserve...
Ceux-là réussiront à s’enfuir et jureront de revenir se venger… ce qui donnera un peu de répit à l'affreux cabotin ?

Divaguons ! Continuons de divaguer ! Jusqu’à ce que ça pète ! Boileau a bien raison : pour être diabolique, il faut persévérer !


vendredi 20 mai 2016

Si j'avions su... (nostalgie, amertume ou résipiscence un peu partout dans le monde: aux Etats-Unis, au Congo belge, en Galilée ?)

Après avoir perdu son boulot de conducteur d’ascenseur dans un vieil hôtel-mouroir de Downtown Miami (aujourd’hui démoli), un estropié, ancien marine, commando d'élite ou membre des Forces spéciales de l'invincible United States Army (dans laquelle ce vétéran s'était « couvert de gloire » au service de la mondialisation américaine et de la liberté d'entreprendre des opérateurs économiques américains... et de l'exploitation du pétrole et des minerais dont les entreprises américaines sont insatiables), ayant servi au Vietnam, à Grenade, en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou partout ailleurs dans le monde,souffrant de migraines obsessionnelles et d'insomnies chroniques sévères venait d’être engagé...  
- Vous aviez disparu des radars, héros ! Je vous croyais mort ou en prison !
- Rien de tout cela, mon général ! J’ai seulement été enfermé pendant quelques années dans un hôpital pour dingues pour un prétendu syndrome de stress post-traumatique ! Les toubibs disaient que ma tête, ça n'allait plus ! 
- Et maintenant ça va mieux j'espère, mon gars ?
- Maintenant oui, mon général, j’ai pu m’en sortir !
- Gorgeous, mon gars !
- Il le fallait bien ! C’était un hôpital dangereux dont tout le monde se méfiait ! Avec plus d’entreprises de pompes funèbres aux alentours que de drugstores! Il fallait absolument que je m’en sorte !
- Et comment vous avez fait, soldat ?
- J’ai fini par escalader la grille d’entrée, j’ai franchi les lignes adverses, et je me suis évadé !
- Excellent ! Glorious ! Very good ! Somptuous ! 
- A moins qu’ils ne m’aient foutu dehors et que je me sois retrouvé à la rue, je ne sais plus vraiment !
comme vigile de nuit à Baltimore ou à Manhattan, dans un immeuble où résidait le fringuant général dont il avait, jadis, été le chauffeur-larbin, le garde du corps, le confident ou peut-être l’amant (devenu très âgé, le général ne voulait pas abandonner sans combattre son dernier poste de commandement et...
- Vous pourriez encore vous rendre utile, soldat, et compléter votre horaire... en vous chargeant, pendant la journée, d'effectuer discrètement certaines missions de confiance (acheter mes couches-culottes), d'accomplir certaines tâches pénibles sans rechigner (changer mes couches-culottes) et de faire disparaître certains dossiers embarrassants (jeter à la poubelle mes couches-culottes usagées) ! Prêt à reprendre du service sous mon commandement, sentinelle ?
ne vivait plus désormais que dans deux ou trois pièces, après avoir été quitté par ses troupes - son épouse, ses maîtresses, ses enfants, ses domestiques et ses quelques rares amis - et il avait dû fermer le reste de l’appartement) au dernier étage d’un superbe « residential building » jouissant d’une vue imprenable sur Decker Garden ou Central Park

C’est ainsi que le vigile de nuit...
- A vos ordres, mon général ! Si j'avions su... mais à la guerre comme à la guerre, n'est-ce pas, mon général ?
- Fabulous !
avait été admis (avant de se trouver quelqu’un ou quelque part) à s'installer au sous-sol sur un lit de camp, pendant la journée, entre deux missions.


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Tango ya ba noko.
Léopoldville, Coquilhatville, Elisabethville, Stanleyville, Jadotville, Albertville, Thijsville, Luluabourg, Bukavu, Boma ou Matadi. 
Cinq heures, l’heure de la poste. L’heure à laquelle les Blancs...
- Pfff ! Les BBB (boire, bouffer, baiser), c'est ainsi qu'on appelait, à l'époque, les prédateurs du Congo, non ? S'ils avaient su qu'ils allaient bientôt se faire débarquer... et qu'ils allaient être remplacés, quelques années plus tard, par une nouvelle variété de rapaces et de parasites, les BMW (beer, music, women)...
vont, en voiture, lever leur courrier.
Des hyènes chicoteuses, crapuleuses mais couardes, et des singes en salacot, arrogants mais pétochards, accomplissaient leurs rites sociaux, baissaient leur pantalon blanc ou soulevaient leur jupe blanche et montraient leur cul blanc à leurs mâles dominants blancs (ceux de l’administration territoriale, de la sûreté, de l'Otraco, de l'Union Minière, des chemins de fer, des mines, des usines et des plantations, des Jésuites et des Scheutistes, des religieuses du Sacré-Coeur…), flattaient, flagornaient, enviaient, convoitaient, médisaient, dénigraient et faisaient leurs simagrées… et débattaient entre eux, entre néerlandophones et...

- Pfff ! Bango na bango ! Les simples "sujets" de la colonie n’étant évidemment pas invités à s'immiscer dans les affaires intérieures de la métropole... 
francophones, de questions de la plus haute importance : les éditoriaux de la presse belge (De Standaard, Het Laatste Nieuws ou Le Peuple contre La Nation belge ou La Libre Belgique), les résultats des matchs de foot (le FC Liégeois contre Anderlecht... Tilleur, le Standard de Liège, l'Union Saint-Gilloise, l'Antwerp ou le FC Bruges), les chances d'une victoire belge au Tour de France (Rik Van Steenbergen et Rik Van Looy contre Jean Brankart et Pino Cerami)


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Un type, venu d’on ne sait où et bourré jusqu’à la gueule, se présente
- Joseph azali ?
à la menuiserie de Nazareth, demande à voir Monsieur et prétend être le père biologique de l’enfant de Madame...
Problèèèèème !
De retour du marché et informée de la situation par une voisine obligeante (qui l’attendait impatiemment au bord de la route), Maman Menuisier (jadis foudroyée par Kake alors qu’elle se rendait dans les collines cultiver son lopin de terre et s'occuper de ses datiers ou de ses oliviers), le regard flouté, fend la foule des curieux et des journalistes, bouscule un cameraman, grommelle
-  L'ordure ! Si j’avions su, j’aurais fait adopter son putain de bâtard par des salauds d'Américains ! Et même que je me serais fait payer en dollars ! Et même qu'on aurait ainsi pu s'éviter pas mal d'embrouilles que les harangues de ce fouteur de merde ne vont pas manquer, par la suite, de provoquer dans toute la région ! Ngai mawa vraiment ! 
et court se barricader dans sa cuisine, honteuse et confuse, jurant mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus






























samedi 14 mai 2016

J'ai trouvé LE TRUC ! (vieillir est une transgression des lois de la nature)

Bon,  d’accord, je ne me déplace plus que par e-mail ! Mais ce n’est pas une raison pour ne pas donner des news aux ami(e)s, non ?

Comment je me porte ? Jugez-en par vous-même !
J’ai trouvé le truc, en effet...

Chaque fois que
- Pfff ! De quoi se mêlent-ils encore ?
les gens me demandent quelle est la couleur de mes urines ou quelles sont les odeurs de mes aisselles ou de mes selles… je leur réponds que (statistiquement) je suis déjà mort  mais que « ze naze » encore... et je les renvoie au lien suivant :

S’ils insistent,  je leur avoue que je suis retombé en enfance, que je suis redevenu infréquentable, autiste 
- Pfff ! C'est du pareil au même, non ?
ou scandaleusement narcissique à force de ne plus jamais voir personne... et que je ne me déplace plus que par courriel, que je suis désormais complètement gâteux et que vieillir est une transgression des lois de la nature et que j’ai même commencé à écrire mes mémoires en vrac... et je les renvoie au lien suivant :

Pour le reste, s’ils s'accrochent, font de la résistance et ne sont toujours pas convaincus, s’ils refusent obstinément de comprendre que je me déglingue et que je pars dans tous les sens, s’ils persistent dans le déni et me réclament des preuves, je leur balance alors un feu d'artifice ou une brochette pimentée de mes dernières pitreries de vieille ganache et de pèteries de gamin de merde, je leur propose les titres ou les pitchs de quelques romans policiers (anarchistes, irréalistes, animistes et tous consorts) que je me suis retenu d’écrire ces dernières semaines :

*

A la nuit tombée, les barreaux s’estompaient puis disparaissaient, les prisons étaient abolies... 
A l'aube, deux chats goguenards jouaient à la balançoire dans la cage des canaris..

Quelques bribes de nuages nocturnes, restés accrochés à un rideau ou à une branche d'arbre surplombant la fenêtre ouverte, ne pouvaient pas ou ne voulaient pas répondre à mes questions: ils n'avaient rien vu, rien entendu, ne savaient pas ce qui s'était passé et ne pouvaient pas me dire si les canaris s'étaient évadés, s'ils devaient être signalés comme disparus et si les flics devaient être lancés à leur poursuite

*


L’homme (empestant l'oignon, se grattant complaisamment le trou de balle et portant un chapelet d'ail autour du cou pour se protéger des cauchemars et des démons) est le parasite de l’âne, du dromadaire et du cheval. 
Et le moineau est le prédateur du crottin de toutes ces personnes-là.

*


L’absence de toute boucle métallique de ceinture amènera les archéologues du futur à conclure que j’étais nu ou vêtu très légèrement  (d’un pagne, d’une robe de nuit, d’un survêtement avec capuche, d'un sari ou d'une djellaba, d’un sac de jute ou d'une peau de mouton) le jour où je me suis soustrait à l'affection, à l'indifférence ou à la détestation des uns et des autres... le jour où me suis couché dans mon cercueil, tout seul, sans l'aide de personne.
 

*


L'épouse de réconfort (une étudiante fauchée ou une comédienne au chômage qui s'était déguisée en volant de badminton pour se donner un air ingénu et ressembler à
- Y en a que ça les excite !
une jeune mariée, bien comme il faut, tout de blanc vêtue) se désape en vitesse dans de la voiture du  bourge ou du mvuandu qui l'a prise en location pour le long week-end de la Pentecôte, enfile un bikini, agrafe le haut et fait claquer l’élastique du bas pour se donner du courage, se repoudre le nez et les joues, se fruite la bouche, se peint les lèvres en coeur, rehausse d'un trait noir le contour de ses lèvres, se soulage à croupetons derrière la portière la bagnole, soupire, lâche un pet, se redresse, éructe, grimace, se débranche le cerveau, se déhanche 
- Comme pour un casting ! Chance eloko pamba! On peut toujours tenter ! 
devant une improbable caméra de surveillance, s'applaudit joyeusement de deux mains ou se donne une bonne claque sur les fesses pour annoncer son arrivée et rejoint son fiancé, déjà accoudé à la buvette du camping et bientôt saoul...
Derrière elle, un arbre ricane et des buissons se mettent à chuchoter

*


Une araignée glisse ou trébuche, tombe de sa toile et s’écrase au pied de son immeuble

*


Ce sont les racines des pissenlits qui se nourrissent de cadavres.

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Du côté des bonnes femmes, au rayon des vierges,  il y avait Marie qui, après une longue absence et malgré la pause, s'était décidée à remonter sur scène, à Lourdes ou à Fatima, et qui portait un hijab ou un chador de bonne soeur, ample et
- C'est plus commode pour les apparitions !
fluorescent, découvrant son beau visage, certes, et masquant sa prise de poids... mais pas ses bouffées de chaleur.
Il y avait aussi Jeanne d'Arc... 
- La schizo ! La bonne coipine et collègue de guerre d'un ogre qui aimait manger les petits garçons mais n'aurait jamais condescendu à croquer une fille, une majeure !
qui appelait au djihad contre les Anglais (avant d'être passée de vie à trépas, de façon écologique, sous la surveillance des sapeurs pompiers du maréchal Pétain)... 

Tandis que, du côte des bonshommes, au rayon des techniques de communication, le signal du portable de Jésus (qui le reliait directement à Jules César, à Louis XIV, à l'empereur du Japon, à Staline, au Secrétaire général du Parti Communiste Chinois et au président des Etats-Unis d' Amérique) s'est coupé brusquement, empêchant cet fomentateur de prendre ses ordres directement auprès de la Haute Hiérarchie...
Et que le prompteur du vieux cardinal myope et amnésique 
- Meeeerde alors ! C'est quoi encore la formule de transmutation de Hulk ?  Quelles sont les paroles chimiques à prononcer ?
s'est arrêté subitement, juste avant la consécration... alors même qu'il célébrait une messe très chère et de haut niveau devant toute la famille royale et l'ensemble des corps constitués du Royaume de Jupiler.

*


La nuit, les pinces à linge étaient des chauves-souris. Elles étaient des notes de musique pendant la journée

*



Un racusette...
- Donneur ! Judas ! Collabo ! Cafard !
a été abattue à la sortie d'une cabine des chiottes TRA TRATRATRATRA TRATRATRA TRAAA 

Une bicyclette aux grandes oreilles avait été déposée contre le mur de l'église paroissiale. Elle avait patiemment écouté, enregistré et rapporté à qui de droit tout ce qui avait été dit et fomenté à l'intérieur du confessionnal

*



Pour échapper aux monstres, aux hiboux, aux vampires et aux sorciers et malgré les rayons aveuglants du soleil, je me déplacerai
- Miso makasi, ndoki te !
désormais en plein jour…  restant bien caché, tout le reste de la journée, du coucher du soleil au lever du jour, ne passant jamais deux nuits de suite dans la même planque ou le même repaire, évitant soigneusement de m’assoupir au pied d’un arbre carnivore pour ne pas être étranglé par ses lianes ou agrippé par ses racines. 

Je ferai mine de ne rien voir ni entendre et je me déplacerai  comme un aveugle. 
Un serpent muet, lové autour de mon cou, me guidera.

*


Imbwa azalaka na makolo minei kasi alandaka kaka nzela moko *

*


J'avais toujours rêvé de voir la mer...
- Parce que tout finit à la mer, non ? La merde de l’homme, la crotte du chien, la bouse de la vache, l’urine du serpent, la pisse de la vache et celle de l’éléphant, non ?
Jusqu'au jour où mes rêves se sont pris les pieds dans des fils de fer barbelés protégeant des bunkers construits sur les dunes surplombant la plage pour mettre les touristes à l'abri d'un débarquement de phoques tapageurs ou de tortues pondeuses

*


Vié ba Diamba s'était retiré le permis de conduire, le permis d’avoir une opinion tranchée sur tout et sur n'importe quoi, le permis de se promener dans les bois et de faire la fête en ville, le permis d’être toujours en forme. En guise de rétorsion, Mwana Danzé lui a retiré le permis de vieillir, le permis d'angoisser, le permis d’être grognon et le permis de ricaner bêtement, le permis de ne pas être gentil avec sa femme mariée et de dire des méchancetés. 

*


Un renard sera très occupé à couper avec une pince le grillage de clôture d’un important élevage de poulets. Je lui souhaiterai : "Courage, mon frère, il y a du boulot !" . 
Se préparant à faire la fête « comme guêpes et oiseaux dans un vignoble », le gaillard me répondra avec un grand sourire : "Pas besoin de courage quand on fait ce qu’on aime !"

*


L’accouplement sur une branche demande un grand sens de l’équilibre **

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La jeune épouse était une captive importée des Philippines, du Levant, du nord du Caucase, de Cartagena ou de Guayaquil,  d’une ville portuaire du golfe de Guinée. Son vieux salopard de mari la battait tous les soirs 
- Conflit de valeurs ?
parce qu’elle lui refusait obstinément l’euthanasie

*


Une tomate verte propose 
- N'aie pas peur, je suis vaccinée contre les bébés !
à un poivron de la même couleur d’aller bronzer ensemble sur une plage discrète

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Nazali oyo nalingi nazala **

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C'était la révolution. Des abeilles ne retrouvaient plus leur clapier, des palmiers leur ruche, des lapins leur moulin, des chevaux leur colombier, des ouragans leur volière, des pigeons leur plantation. Tous avaient retrouvé la liberté.  Les hommes, considérés comme une espèce nuisible non seulement par les animaux, mais aussi par les arbres et les fleurs, les rivières, les montagnes, les vallées et les vents qui s’y engouffrent... les hommes, responsables de l'abêtissement du chien, de la poule et de la vache... les hommes responsables de l'asservissement de l'âne, du dromadaire et du cheval... les hommes responsables de l'abattage des arbres, de la décapitation des fleurs et de l'enfermement des eaux sauvages... les hommes, destructeurs de variétés marginales, a-normales ou extra-ordinaires et génocidaires de races, de classes, de genres ou de gabarits non-autorisés, estimés difficiles à exploiter ou considérés comme insuffisamment productifs, non-rentables ou non-compétitifs... les hommes responsables de la disparition ou du massacre de la plupart espèces vivantes... les hommes, en effet, avaient perdu leurs pouvoirs et s'empressaient de régurgiter leurs proies pour pouvoir fuir plus rapidement ! Ainsi font les serpents lorsqu'on les accule !

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Cervantes et Shakespeare se sont entretués dans la nuit du 22 au 23 avril 2016. C'est Cervantes qui a commencé.

*


Les champs de blé ont été moissonnés par les chars d’assaut, un arbre est mort dans mes bras

*
*   *


Convaincus maintenant ?

Pour le reste  encore et enfin, je me contente de poursuivre obstinément, en ahanant, mon projet littéraire singulier : un « roman-guérilla » de longue haleine, intitulé « Sorciers, services et crapuleux » (http://sosecra.blogspot.be/) qui se passe « ailleurs », en République autocratique du Luabongo où une course au pouvoir féroce, déloyale et effrénée oppose actuellement différents membres du même groupe social
Ce « roman » que j’ai commencé en décembre 2013  comprend actuellement une dizaine de « séries » :

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SSC, série 0 - Before Party
(mabanga et fiche technique d'un buku qui ne sait pas encore très bien où il va mais qui se veut résolument onirique, gouailleur, burlesque et extravagant )

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SSC, série 1 - Le terroriste à la praline
(un premier RIIIR, une première escarmouche : un lâcher de pralines explosives dans la châtellenie d'Awel... des pralines fourrées à la boule puante, au poil à gratter, au pili-pili, à la gélignite ou à la bile de crocodile) 

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SSC, série 2 - La Sosecra, une entreprise malfaisante
(un roman-guérilla mené depuis Djaba, dans les maquis de l'Awoyo) 

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SSC, série 3 - On se demande quand... et on attend toujours de RIIIR 
(une tranche de la vie et de la mort des gens, au taux du jour, en République autocratique du Luabongo)  

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SSC, série 4 - Dans la gueule du crapuleux...
(les Trois Sanglantes, des 19, 20 et 21 janvier 2015, le charnier de Maluku) 

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SSC, série 5 - Mopoie et Bangazegino sont libres
(une libération virtuelle) 

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SSC, série 6 - Post-Party Depression
(kwiti moko ya grave ! sommaire, manifeste et bilan : le RIIIR n'a jamais libéré personne et la littérature c'est de la merde ... mais ne plus RIIIR ou ne plus plus écrire, c'est comme arrêter de faire l'amour, on n'y parvient pas tout seul) 

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SSC, série 7 - Glossaire illustré
(qui sont les sorciers, les "services" et les crapuleux... et les philosophes-conseils ?) 

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SSC, série 8 - Interlude : Vieux Condor et Lédenté 
(pourquoi et comment deux francs-tireurs, Vieux Condor et Lédenté en sont venus à se réconcilier et à reprendre la lutte)

- 
SSC, série 9 - La lutte continue en 2016 jusqu'à ce que...
(les métamorphoses successives du système sorcier et son dernier avatar; une post-démocratie ou une "dictature constitutionnelle", voeux pour 2016, constitution ewumela !)

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SSC, série 10 - UNE SORCELLERIE ! Tentative d’explication et issue normalement prévisible
(une sorcellerie c'est quoi ? et comment toute cette histoire va-t-elle bien pouvoir se terminer... par une clameur, un grondement, un RIIIR libératoire, un soulèvement-RIIIR irrépressible de l'ensemble de la population qui emportera tout sur son passage : les sorciers, les "services" et les crapuleux !)



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*  Emprunt : proverbe lingala (d'origine Kongo ?)
**  Emprunt : entendu à la téloche, le 13 mai 2016, dans l'après-midi (nazali oyo nalingi nazala ou soy aquel en quien me convertiré)
*** Autre emprunt... mais j'ai perdu ma source ! Vraiment dommage... Qui pourra m'aider à la retrouver ?




mardi 10 mai 2016

MONTFERMEIL (on prétend que j'ai beaucoup changé)

Quand j’avais sept, dix ou treize ans, Paris se terminait à Montfermeil.
Ça se passait en été, pendant les grandes vacances. Il ne restait plus grand-chose de la guerre de 40-45, celles de Corée et d'Indochine n'allaient pas tarder à s'achever et celle d'Algérie se préparait lentement mais inexorablement

J'habitais chez mon oncle Guy et ma tante Juliette, tout en haut, dans la dernière grande maison bourgeoise de la commune, située en bordure des champs.
C'était une maison  où les enfants ne pouvaient pas parler à table avant le dessert mais où, tous les après-midi, vers quatre heures, chacun d'entre nous...
- Pfff !  Nous étions très nombreux à table ! Et j'étais en adoration devant Françoise et j'essayais toujours de m'asseoir à côté d'elle... ma cousine Françoise aux yeux espiègles, à la voix d'argent et jolie comme du miel qui me considérait à peine parce que, même à treize ans, j'étais encore trop jeune pour elle !
recevait une tasse de chocolat chaud, des tartines au beurre et une pomme verte à croquer
Plus loin, ce n’était pas Paris.
Plus loin, il y avait des terres cultivées, des blés et des pommes de terre, des haies et des enclos, des vergers, des abeilles sauvages, des oiseaux qui insultaient les gamins et leur criaient d'aller jouer ailleurs, des faucheurs et des glaneuses, des pâturages et du bétail, de petits cochons roses gardés par de petits chaperons rouges, des loups et des renards, des orages féroces, des bombardements de glands, de pommes de pin, de chataignes et de marrons, des fermes, des corbeaux, des chapelles et des hameaux… où je ne me serais jamais risqué...
- Zone rouge ?
- Pfff ! Quand je montais à Paris, ce n'était quand même pas pour fréquenter tous les bouseux, curetons, aubergistes, porchers, enfants de choeur, chasseurs d'escargots ou de champignons, poseurs de collets et mangeurs de hérissons et autres culs-terreux de la cambrousse environnante, oh !
sans être accompagné par un de mes grands cousins car on m'avait bien dit que dans la grange d'un relais postier situé à l’entrée du village le plus proche, un voyageur de qualité... 
- Au XIXe siècle ?
- Pfff ! A la fin du XVIIIe !
avait été égorgé et dépouillé par des croquants et que les assassins couraient toujours 

Avant Montfermeil, c’était Le Raincy.
C'était la gare de Le Raincy-Villemomble d’où je prenais parfois un train de banlieue, tôt le matin... jusqu’au métro : les publicités accrocheuses, les rôdeurs et les exhibitionnistes (que je confondais, à l'époque, avec les existentialistes), les mendigots et les accordéonnistes, les tapins et les gigolos des quais-trottoirs, les flics de la RATP, les macs et les agents de police en civil, les mouchards et les pick-pockets, les filatures et les embuscades, la liberté...
Et d’où, au retour de mes expéditions, après avoir DUBO DUBON DUBONNET erré pendant des heures dans les couloirs, évité de me faire coincer dans un wagon de première classe, emprunté tous les tunnels DUBO DUBON DUBONNET des différentes lignes  DUBO DUBON DUBONNET de métro et fait et vu tout ce que je ne devais pas faire et DUBO DUBON DUBONNET voir (sans jamais, pour autant que possible, revenir en arrière ni remonter en surface), je rejoignais Montfermeil à pied, en sifflotant.
Et en shootant sur des pierres qui se trouvaient là par hasard, que je ne connaissais même pas et qui ne m'avaient rien fait. Juste à temps pour le dîner, la vaisselle, le...
- Raconte-nous ta visite au Louvre ! Ça t'a bien plu ?
- Pfff ! Enormément, bien sûr...  mais n'ai pas encore tout vu ! J'y retournerai demain... avec mes tartines, bien sûr ! Et j'y passerai encore toute la journée... avec votre permission, bien sûr !
compte-rendu des activités des uns et des autres, la prière du soir et la bénédiction du chef de famille, le plumard et les moustiques qui m'empêchaient de lire ou de dormir

J'ai cessé d'avoir sept, dix ou treize ans. On prétend que j’ai beaucoup changé. Et Montfermeil aussi.




lundi 9 mai 2016

ZE NAZE ! (je procrastine encore ?)

A 54 ans déjà, j'ai dépassé un des mes grands-pères, du côté de ma mère !
A 71 ans, c'est l'autre koko que j'ai bien enfoncé !
A 74 ans, je l'ai emporté sur mon propre géniteur !
Et si j'atteins 77 ans, le 19 novembre prochain, un mois avant la fin constitutionnelle du deuxième mandat du Haut-Hiérarque (et commandant en chef de tous les sorciers et commanditaire suprême d'innombrables actes de brigandage en tous genres commis sous son autorité) qui s'est emparé du pouvoir en République autocratique du Luabongo et entend le conserver à tout prix et par tous les moyens, j'aurai battu l'ensemble des derniers plus vieux lecteurs, cacochymes, bimbims et perclus de rhumatismes, des albums d'aventures coloniales ou néo-coloniales, croisades, explorations du monde ou...
- Pfff ! C'est pareil !
expéditions touristiques de Tintin, définitivement obsolètes.

Je nage encore dans les grandes profondeurs ?
Ou bien je fais semblant, je dissimule, je barbotte et fais la planche, je crapote ?
C'est à mon âge qu'on commence à jaboter, clabauder, éructer, oublier des mots et chercher des noms, chevroter, chuinter, zérayer ou bléser, non ?
Je procrastine alors que je devrais déjà être mort, non ?

Et sur la route de l'hôpital d'Ixelles-Etterbeek, l'horloge des Funérailles Debosscher ne manquera jamais de tomber en panne (les aiguilles bloquées à minuit moins cinq à l'aide d'une perche à selfies) chaque fois que je partirai m'y faire ausculter, tripoter ou opérer... dans l'un ou l'autre de ces combats d'arrière-garde auxquels j'accepterai de participer pour occuper mes journées et aussi, parfois, pour faire plaisir à mon entourage ou à mes médecins...
Jusqu'où irai-je encore et abuserai-je de la patience des gens ? s'interroge ce vieux râleur de Ciceron... qui, en privé, ne se retient pas de salir ma réputation et de déclarer à tout venant...
 Oh ! Vié wana azali kizengi trop ! Nazokanisa ke ça ne va plus bien sa tête ! 
que je suis devenu compètement naze.

Rivaliserai-je bientôt avec le prédateur suprême et me farcirai-je enfin celui qui, depuis toujours et avec insolence, trône au sommet de la pyramide alimentaire, celui qui mange tout le monde et ne peut être mangé par personne ?




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* Je me suis mis en compétition avec les mâles reproducteurs de la famille seulement. 
Je ne me suis pas risqué à affronter les ancêtres femelles de la famille et, particulièrement, ma grand-mère paternelle (alias la "Routou") qui, avant la pause, avait été une excellente pondeuse royaliste, lignagère et chrétienne et qui, après la pause, était devenue une vertueuse grand-mère et présidente d'oeuvres de charité... irréprochable au plan de la pieusarderie et de la respectabilité... et imbattable au plan de la longétivité, respect ! 
Mon autre grand-mère (alias Mamy) a également été une personne "de longue durée". Je l'aimais bien et je n'en dirai rien.