Je pue du bec et...
- Pfff ! Ne vous approchez pas !
du slip, des lèvres et du cul mais j’existe encore.
Je suis de plus en plus sourd... perclus, courbatu, vermoulu, essouflé, lézardé, vanné... et je suis obligé par la loi de continuer d’exister et de complaire en société et de striduler comme un grillon pour attirer l'attention des gens et de convaincre et de prester et de fournir et d'accomplir et de répondre aux invitations (et aux convocations de la police) et de festoyer et de picoler et de guincher et de bafrer et de jacter et de badiner et de compatir et de frimer et de faire semblant d'entendre ce qu'on me raconte et de raconter des craques et de consommer, de consommer, de consommer (et, sans aucun doute, d'acheter du dentifrice et du fonds de teint, de l'ammoniaque, du mascara, du savon de Marseille, de l'eau de Javel et de l'agua de Colonia, de nouvelles prothèses dentaires et audtitives, du sent-bon et du détergent, du Harpic, du liquide vaisselle et de la crème Nivea, des fringues à la mode et des godasses qui ne prennent pas l'eau, des préservatifs, du décapant
- Pfff ! Du bicarbonate de soude ou de la soude caustique, nayebi lisusu bien te !
et du détartrant... pour me normaliser et devenir présentable, insipide, incolore et inodore, lustré et simonisé, comme doit l'être tout citoyen bien intégré à la société) et de continuer à trouver de l'argent (casser ma titelire, glaner et grapiller, compter mes petits sous, toucher ma pension ou encaisser mes loyers, boursicoter, gagner au loto, chaparder, détrousser, marauder, chouraver, taper des amis ou leur faire les poches, mendier à la sortie des cinémas et des grands magasins), beaucoup beaucoup d'argent pour être en mesure de participer dignement aux frais de ces agitations grotesques alors même que je n'ai plus l'obligation de me lever la matin pour aller à l’école, à l'armée, à la mine, à l'usine ou au bureau, alors même que je n'ai plus d’examens à passer, de train ou d’avion à prendre, de formulaires à remplir, de pièges à éviter, de rapports à déposer ou d’évaluation à subir, alors même que j'ai abandonné la voiture à essence pour la pirogue à voile et à balancier et que je vis désormais dans un monde circulaire où il ne se passe jamais rien et où rien ni personne ne peut plus m’atteindre ou m’arriver, alors même que je pourrais enfin...
- Pfff ! Comme un aveugle et sourd de fraîche date tout réjoui de ne plus devoir allumer ses grands phares et faire hurler ses sirènes pour foncer à pleine vitesse, en pétaradant, dans l'obscurité la plus totale, sur une plage de débarquement minée ou sur les pistes d’un champ de tir ?
me laisser aller, péter et puer à l'aisément, roter sans plus aucune reteue...
et prendre toutes mes aises...
redevenir autiste...
- Eheeeh ! Autiste ou hautain, m'fi ? Le yak ne supporte plus la chaleur et l'humidité des vallées riantes et verdoyantes et refuse de descendre de sa montagne, c'est bien ça, ducon ?
- Pfff ! Tika mwasi...
et bâiller et ronfler la bouche ouverte, faire la sieste dans les foins et ronronner tranquillement sans plus me faire aucun souci...
- Pfff ! Ne vous approchez pas !
du slip, des lèvres et du cul mais j’existe encore.
Je suis de plus en plus sourd... perclus, courbatu, vermoulu, essouflé, lézardé, vanné... et je suis obligé par la loi de continuer d’exister et de complaire en société et de striduler comme un grillon pour attirer l'attention des gens et de convaincre et de prester et de fournir et d'accomplir et de répondre aux invitations (et aux convocations de la police) et de festoyer et de picoler et de guincher et de bafrer et de jacter et de badiner et de compatir et de frimer et de faire semblant d'entendre ce qu'on me raconte et de raconter des craques et de consommer, de consommer, de consommer (et, sans aucun doute, d'acheter du dentifrice et du fonds de teint, de l'ammoniaque, du mascara, du savon de Marseille, de l'eau de Javel et de l'agua de Colonia, de nouvelles prothèses dentaires et audtitives, du sent-bon et du détergent, du Harpic, du liquide vaisselle et de la crème Nivea, des fringues à la mode et des godasses qui ne prennent pas l'eau, des préservatifs, du décapant
- Pfff ! Du bicarbonate de soude ou de la soude caustique, nayebi lisusu bien te !
et du détartrant... pour me normaliser et devenir présentable, insipide, incolore et inodore, lustré et simonisé, comme doit l'être tout citoyen bien intégré à la société) et de continuer à trouver de l'argent (casser ma titelire, glaner et grapiller, compter mes petits sous, toucher ma pension ou encaisser mes loyers, boursicoter, gagner au loto, chaparder, détrousser, marauder, chouraver, taper des amis ou leur faire les poches, mendier à la sortie des cinémas et des grands magasins), beaucoup beaucoup d'argent pour être en mesure de participer dignement aux frais de ces agitations grotesques alors même que je n'ai plus l'obligation de me lever la matin pour aller à l’école, à l'armée, à la mine, à l'usine ou au bureau, alors même que je n'ai plus d’examens à passer, de train ou d’avion à prendre, de formulaires à remplir, de pièges à éviter, de rapports à déposer ou d’évaluation à subir, alors même que j'ai abandonné la voiture à essence pour la pirogue à voile et à balancier et que je vis désormais dans un monde circulaire où il ne se passe jamais rien et où rien ni personne ne peut plus m’atteindre ou m’arriver, alors même que je pourrais enfin...
- Pfff ! Comme un aveugle et sourd de fraîche date tout réjoui de ne plus devoir allumer ses grands phares et faire hurler ses sirènes pour foncer à pleine vitesse, en pétaradant, dans l'obscurité la plus totale, sur une plage de débarquement minée ou sur les pistes d’un champ de tir ?
me laisser aller, péter et puer à l'aisément, roter sans plus aucune reteue...
et prendre toutes mes aises...
redevenir autiste...
- Eheeeh ! Autiste ou hautain, m'fi ? Le yak ne supporte plus la chaleur et l'humidité des vallées riantes et verdoyantes et refuse de descendre de sa montagne, c'est bien ça, ducon ?
- Pfff ! Tika mwasi...
et bâiller et ronfler la bouche ouverte, faire la sieste dans les foins et ronronner tranquillement sans plus me faire aucun souci...
Pour cesser d’exister en public au bénéfice de quelles sociétés générales ou au profit de quels intérêts particuliers je n’aurai donc plus d’autre solution, inspiré par une fée coccinelle…
- Pfff ! Ne vous approchez pas et ne posez pas de questions ! Danzé ! Je pue tellement du bec que mon nez ne perçoit même plus l'odeur de mes pets ! Gardez vos distances, j’ai des acouphènes et c’est peut-être contagieux ! Ne vous asseyez pas à côté de moi, j'empeste et j'entends des voix ! C'est peut-être dangereux !
que de passer au car-wash... et de m'y faire asperger tout le corps d'un produit répellent qui, venant en appui d'odeurs corporelles incommodantes, éloignera les prédateurs et fera fuir les emmerdeurs ?
Ou de me soustraire définitivement à l’affection ou à la détestation des miens, des tiens, des leurs, de nôtres ou des vôtres ?
sans même y parvenir parce...
que je n'aurai jamais été un mari bricoleur et...
que je n'aurai jamais été capable de fabriquer un collet à lapins ou d'armer un piège à souris, oh !
Ngai mawa, vraiment ?
Mawa te ! Heuuu-reuuux ! *
----------------------------
* Un commentaire de Pascale de Villers: On raconte qu'une princesse alitée car allant fort mal fit un énorme pet et qu'elle lança alors à la ronde, une ronde déjà prête au deuil :
"Femme qui pète n'est pas morte".
Ou de me soustraire définitivement à l’affection ou à la détestation des miens, des tiens, des leurs, de nôtres ou des vôtres ?
sans même y parvenir parce...
que je n'aurai jamais été un mari bricoleur et...
que je n'aurai jamais été capable de fabriquer un collet à lapins ou d'armer un piège à souris, oh !
Ngai mawa, vraiment ?
Mawa te ! Heuuu-reuuux ! *
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* Un commentaire de Pascale de Villers: On raconte qu'une princesse alitée car allant fort mal fit un énorme pet et qu'elle lança alors à la ronde, une ronde déjà prête au deuil :
"Femme qui pète n'est pas morte".
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