vendredi 20 mai 2016

Si j'avions su... (nostalgie, amertume ou résipiscence un peu partout dans le monde: aux Etats-Unis, au Congo belge, en Galilée ?)

Après avoir perdu son boulot de conducteur d’ascenseur dans un vieil hôtel-mouroir de Downtown Miami (aujourd’hui démoli), un estropié, ancien marine, commando d'élite ou membre des Forces spéciales de l'invincible United States Army (dans laquelle ce vétéran s'était « couvert de gloire » au service de la mondialisation américaine et de la liberté d'entreprendre des opérateurs économiques américains... et de l'exploitation du pétrole et des minerais dont les entreprises américaines sont insatiables), ayant servi au Vietnam, à Grenade, en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou partout ailleurs dans le monde,souffrant de migraines obsessionnelles et d'insomnies chroniques sévères venait d’être engagé...  
- Vous aviez disparu des radars, héros ! Je vous croyais mort ou en prison !
- Rien de tout cela, mon général ! J’ai seulement été enfermé pendant quelques années dans un hôpital pour dingues pour un prétendu syndrome de stress post-traumatique ! Les toubibs disaient que ma tête, ça n'allait plus ! 
- Et maintenant ça va mieux j'espère, mon gars ?
- Maintenant oui, mon général, j’ai pu m’en sortir !
- Gorgeous, mon gars !
- Il le fallait bien ! C’était un hôpital dangereux dont tout le monde se méfiait ! Avec plus d’entreprises de pompes funèbres aux alentours que de drugstores! Il fallait absolument que je m’en sorte !
- Et comment vous avez fait, soldat ?
- J’ai fini par escalader la grille d’entrée, j’ai franchi les lignes adverses, et je me suis évadé !
- Excellent ! Glorious ! Very good ! Somptuous ! 
- A moins qu’ils ne m’aient foutu dehors et que je me sois retrouvé à la rue, je ne sais plus vraiment !
comme vigile de nuit à Baltimore ou à Manhattan, dans un immeuble où résidait le fringuant général dont il avait, jadis, été le chauffeur-larbin, le garde du corps, le confident ou peut-être l’amant (devenu très âgé, le général ne voulait pas abandonner sans combattre son dernier poste de commandement et...
- Vous pourriez encore vous rendre utile, soldat, et compléter votre horaire... en vous chargeant, pendant la journée, d'effectuer discrètement certaines missions de confiance (acheter mes couches-culottes), d'accomplir certaines tâches pénibles sans rechigner (changer mes couches-culottes) et de faire disparaître certains dossiers embarrassants (jeter à la poubelle mes couches-culottes usagées) ! Prêt à reprendre du service sous mon commandement, sentinelle ?
ne vivait plus désormais que dans deux ou trois pièces, après avoir été quitté par ses troupes - son épouse, ses maîtresses, ses enfants, ses domestiques et ses quelques rares amis - et il avait dû fermer le reste de l’appartement) au dernier étage d’un superbe « residential building » jouissant d’une vue imprenable sur Decker Garden ou Central Park

C’est ainsi que le vigile de nuit...
- A vos ordres, mon général ! Si j'avions su... mais à la guerre comme à la guerre, n'est-ce pas, mon général ?
- Fabulous !
avait été admis (avant de se trouver quelqu’un ou quelque part) à s'installer au sous-sol sur un lit de camp, pendant la journée, entre deux missions.


*
*   *


Tango ya ba noko.
Léopoldville, Coquilhatville, Elisabethville, Stanleyville, Jadotville, Albertville, Thijsville, Luluabourg, Bukavu, Boma ou Matadi. 
Cinq heures, l’heure de la poste. L’heure à laquelle les Blancs...
- Pfff ! Les BBB (boire, bouffer, baiser), c'est ainsi qu'on appelait, à l'époque, les prédateurs du Congo, non ? S'ils avaient su qu'ils allaient bientôt se faire débarquer... et qu'ils allaient être remplacés, quelques années plus tard, par une nouvelle variété de rapaces et de parasites, les BMW (beer, music, women)...
vont, en voiture, lever leur courrier.
Des hyènes chicoteuses, crapuleuses mais couardes, et des singes en salacot, arrogants mais pétochards, accomplissaient leurs rites sociaux, baissaient leur pantalon blanc ou soulevaient leur jupe blanche et montraient leur cul blanc à leurs mâles dominants blancs (ceux de l’administration territoriale, de la sûreté, de l'Otraco, de l'Union Minière, des chemins de fer, des mines, des usines et des plantations, des Jésuites et des Scheutistes, des religieuses du Sacré-Coeur…), flattaient, flagornaient, enviaient, convoitaient, médisaient, dénigraient et faisaient leurs simagrées… et débattaient entre eux, entre néerlandophones et...

- Pfff ! Bango na bango ! Les simples "sujets" de la colonie n’étant évidemment pas invités à s'immiscer dans les affaires intérieures de la métropole... 
francophones, de questions de la plus haute importance : les éditoriaux de la presse belge (De Standaard, Het Laatste Nieuws ou Le Peuple contre La Nation belge ou La Libre Belgique), les résultats des matchs de foot (le FC Liégeois contre Anderlecht... Tilleur, le Standard de Liège, l'Union Saint-Gilloise, l'Antwerp ou le FC Bruges), les chances d'une victoire belge au Tour de France (Rik Van Steenbergen et Rik Van Looy contre Jean Brankart et Pino Cerami)


*
*   *


Un type, venu d’on ne sait où et bourré jusqu’à la gueule, se présente
- Joseph azali ?
à la menuiserie de Nazareth, demande à voir Monsieur et prétend être le père biologique de l’enfant de Madame...
Problèèèèème !
De retour du marché et informée de la situation par une voisine obligeante (qui l’attendait impatiemment au bord de la route), Maman Menuisier (jadis foudroyée par Kake alors qu’elle se rendait dans les collines cultiver son lopin de terre et s'occuper de ses datiers ou de ses oliviers), le regard flouté, fend la foule des curieux et des journalistes, bouscule un cameraman, grommelle
-  L'ordure ! Si j’avions su, j’aurais fait adopter son putain de bâtard par des salauds d'Américains ! Et même que je me serais fait payer en dollars ! Et même qu'on aurait ainsi pu s'éviter pas mal d'embrouilles que les harangues de ce fouteur de merde ne vont pas manquer, par la suite, de provoquer dans toute la région ! Ngai mawa vraiment ! 
et court se barricader dans sa cuisine, honteuse et confuse, jurant mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus






























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire