mardi 24 mai 2016

A chacun SA MOUCHE (Boileau a bien raison : pour être diabolique, il faut persévérer )



Vieux moins-le-quart, ça n’allait plus sa tête !
Les nuages trop chargés finissent toujours par verser, non ?
- Mwouais
Mordu à la bouche, à la fesse ou à l'entrejambe par un cheval dressé à l’attaque, Vieux moins le quart divaguait. Il perdait le contrôle de son embarcation, bousculait les portes à bascule d’un bar de western, connaissait des ennuis mécaniques en survolant la cordillère des Andes, se faisait adopter par des Américains « pour combattre le capitalisme et l’impérialisme de l’intérieur », heurtait de plein fouet une baleine à la dérive ou une plateforme pétrolière abandonnée et se désolait : « j’aurais mieux fait d’entrer dans la Fonction publique et de me faire instituteur de canetons, de lapereaux ou de poulets de grain ! »
- Mwouais… Pas vraiment de quoi s'alarmer !
Il ne tournait plus jamais le dos à un miroir, c’était beaucoup trop dangereux : un cheval dressé à l'attaque pouvait toujours sortit d’un coffre, d’un puits ou d’une cheminée, lui mordre l’oreille, arracher ses piercings…

Ces symptômes plutôt extravagants…
- Mwouais... Aucune raison de paniquer !
n’inquiétaient pas outre mesure le médecin traitant de Vieux moins-le-quart...
Ce médecin traitant…
-  Pfff ! Ce n’est pas très rassurant !
était bouddhiste, jaïniste, hindouïste, orphiste, carpocratiste ou manichéen, en effet... et croyait fermement en la réincarnation de ses adeptes.
Et quand il n’était pas bouddhiste, le médecin traitant de Vieux moins-le-quart était…
- Pfff ! Ce n'est pas non plus très rassurant !
catholique, orthodoxe, copte, calviniste, évangéliste, mormon, membre de l'église baptiste des Premiers Corinthiens  du Ministère Amen, de la Chapelle des Vainqueurs, de Baruti Tabernacle ou des Brebis de Jéricho... juif, animiste, yezidi, chiite, sunnite, soufi, alaouite et croyait sûrement en quelque chose de très suave, de plutôt écoeurant et de beaucoup trop sucré comme… la résurrection des morts... La la lalère !, ou la possibilité, après la mort, de trouver à se planquer quelque part, à l’aisément, dans un royaume des ancêtres ou dans un petit coin bien tranquille, au bord de la rivière, feuillu et bien chauffé et d’y pratiquer le pêche à la ligne… La la lalère !, et d’y vivre de ses rentes, loyers et butins, à l’abri de la faim et du chômage, de la pluie et du soleil, de l’hiver et l’harmattan, des rackets de la police et des « tracasseries » de l’armée, des embouteillages et des épidémies, des mouches et des moustiques, des prédateurs de mammifères, de la désaffection de l’épouse et des pannes sexuelles du conjoint, du manque de reconnaissance sociale…
Et quand le médecin traitant de Vieux moins-le-quart  était…
- Pfff ! C’est pire encore ? Ça me fait une belle jambe !
marxiste ou positiviste, il croyait au sens de l’histoire et au progrès scientifique universel, linéaire et perpétuel

De quelle espèces menacées les hommes en général et Vieux moins-le-quart  en particulier sont-ils la nourriture préférée : les vers, les crabes et les écrevisses ? 
Ou bien les chacals et les corbeaux ? Les mouches ?

Chacun a sa mouche.
Vieux moins-le-quart a pu croire un moment que la sienne ne s’intéressait plus à lui, qu’elle avait trouvé à s’occuper ailleurs, qu’elle avait flashé pour quelqu’un d’autre ou …
- Pfff ! J’avais tout fait pour ! Je m’étais montré désagréable, discourtois, ingrat, odieux ! Je lui avais même lancé des lézards féroces et affamés dans les pattes !
qu’elle avait définitivement perdu sa trace.
Elle vient de le retrouver ! Et… Buzzz !, sans tarder, le relance activement !
Elle avait failli le perdre mais elle avait réussi à retrouver sa trace, ses sueurs, son haleine et ses pets ! Buzz ! Elle l’avait choisi, quoi ! A la vie et à la mort, quoi ! Où qu’il aille et quoi qu’il fasse, quoi ! Elle le suivait partout...Buzz !, de la cuisine aux toilettes, de la chambre au bureau, du berceau au cercueil ! Buzz ! Avec ténacité ! Rôdant autour de ses narines et de son trou de balle et lui chatouillant les oreilles et les naseaux, se posant sur son verre et sur sa gamelle ! Buzz ! Elle ne voulait plus le quitter ! Buzz !
Comment Vieux moins-le-quart pouvait-il bien s'en débarrasser ?
Devait-il la faire la faire souffrir, l’insulter, la malmener, la frapper, la menotter dans le dos, la traîner par terre en la tirant par les cheveux, la plaquer sur un flipper ou sur un juke-box ou sur le capot d’une voiture, l’écraser, l’aplatir, lui attacher les pattes avant l'accouplement (pour limiter les risques de se faire dévorer après), la forcer ou la sodomiser ?
Ne devait-il pas plutôt lui offrir un bouquet de fleurs odorantes et un flacon de  parfum prenant, lui faire le baisemain, la tenir par le bras pour l’aider à descendre l’escalier, lui ouvrir galamment la porte d’entrée … et la balancer dans la rue, la jeter sur le trottoir, la flanquer dans le caniveau ?
Chacun a sa mouche, la mouche qu’il mérite ! Jusqu'à la mort et pour l'éternité (dès lors qu'une mouche de bonne famille et d'excellente compagnie n'oublie certainement pas de pondre ses oeufs dans les chairs en voie de putréfaction de son amant) !
Chacun a sa mouche, son ange gardien et son vautour charognard personnel aussi… qui attend, patiemment, en jouant aux cartes avec des collègues…

Chacun a sa sonnette, son escalier, sa porte et ses mapapa (ou ses djimakpla) devant la porte, son corbeau, son chacal ou sa mouche.
La sonnette retentit, l’escalier gémit, la porte grince, les mapapa (ou les djimakpla) somnolent et attendent qu'on les chausse... Mais une fois aux pieds, elles raclent le sol, sans aucune élégance !, le corbeau croasse, le chacal piaule, la mouche vrombit.
Chaque être ou chaque chose a son propre bruit ou ses silences singuliers… et chaque bruit et chaque silence est utile et trouve sa place dans l’orchestre
Les vautours charognards, habituellement silencieux lorsqu'ils tournoient dans le ciel, peuvent également devenir bruyants et tapageurs quand ils se disputent une carcasse.

C’est vrai, quoi !
Ayant déjà accompli plus de 76 mandats sur son quota, Vieux moins-le-quart… 
 - Pfff ! Collez-vous bien ça dans le fusil ! Et ne me dites pas qu’il pleut quand vous me pissez dans  le dos !
divaguait et n’avait plus beaucoup d’années, de mois ou même de jours en magasin pour terminer son règne en beauté, diaboliquement... toujours addict à sa femme mariée, aficionado de ses lifanto, groupie de ses koko et fervent supporter de ses compagnes et compagnons de lutte, certes... mais déterminé à persévérer et à terminer son parcours dans l’indignité et la transgression la plus totale… morale, musicale, sociale, cérébrale, culturelle, spirituelle, sexuelle, constitutionnelle, militaire, littéraire, sécuritaire, budgétaire, juridique, généalogique, économique, patriotique… tous azimuts et tous consorts.

Pfff ! 76 mandats et bientôt 77 !  
Eheeeh ! Yebela, Vié ! Fongola miso, etikali yo kaka !

Il est donc urgent pour Vieux moins-le-quart  de trouver à s’occuper et de s’inventer de nouveaux ennemis irréductibles à combattre jusqu’à (mais sans trop se presser quand même) la mort, qu’il parvienne à en tuer quelques-uns, tout en gardant les autres en réserve...
Ceux-là réussiront à s’enfuir et jureront de revenir se venger… ce qui donnera un peu de répit à l'affreux cabotin ?

Divaguons ! Continuons de divaguer ! Jusqu’à ce que ça pète ! Boileau a bien raison : pour être diabolique, il faut persévérer !


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